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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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21 février 2014

12-years-a-slave, de Steve MacQueen (2014)

12-years-a-slave-poster-300x0Solomon Northup, Afro-américain libre de l'Etat de New Yord, croit pouvoir accepter quinze jours de tournée en tant que violoniste dans un cirque, fort bien payés : sa femme, comme chaque année, part pour trois semaines faire la cuisine lors d'un événement, et elle emmène les enfants. Malheureusement, l'offre était un piège, et il est revendu comme esclave, rebaptisé, défini comme Géorgien, et emmené dans le Sud. Il est acheté en même temps qu'une femme libre, qu'on sépare de ses deux jeunes enfants, et envoyé chez un maître qui, s'il est pieux, juste et plein de bons sentiments, n'en remet pas pour autant en question le fait que Solomon-Platt lui appartient et qu'il sert de monnaie d'échange dans ses dettes.
Parti vers un autre maître, peint comme une sorte d'empereur romain décadent, flanqué d'une épouse jalouse et cruelle, Solomon passe ses pires années, transi de peur... Il mettra douze ans à recouvrer ses droits...


Voilà un film que j'avais envie de voir, avec beaucoup d'appréhension. Je craignais la facilité des tableaux cruels, le manichéisme, le sirop et, éventuellement, la propagande politique souvent martelée dans ce genre de film ("Maintenant, tout va bien, tout est parfait..."). A travers les yeux de Solomon, joué par un Chiwetel Ejiofor sobre et sensible à la fois, une société entière est jugée, et la perspective du film dénonce de manière inattendue la condition féminine, toutes couleurs confondues, à l'époque. Inattendue aussi, la vision que les Noirs libres ont des Noirs esclaves : "des nègres" incapables d'initiative, déshumanisés, incapables de solidarité... Ce qui arrive ensuite explique comment cela a pu être rendu possible.

J'ai lu sur d'autres blogs quelques personnes un peu déçues de n'avoir pas été touchées davantage. Par paresse, je copie-colle ce que j'y ai écrit en réponse, pour analyser ce que je crois à l'origine de la difficulté à pleurer systématiquement (comme si c'était obligatoire pour qu'un film soit réussi) :

=> J'ai fait partie de ceux qui ont reniflé dans la salle et abondamment perdu de leur rimmel.
Ce qui m'a touchée, c'est l'isolement absolu de toutes les victimes, du simulacre de réconfort qu'elles pouvaient s'apporter, de l'incapacité à faire jouer la bonté, la solidarité humaine, leur impuissance, parfois acculées à devenir elles-mêmes bourreaux... La musique seule, comme liberté...
Alors, évidemment, sans vouloir faire de procès en sensibilité aux personnes qui disent être restées froides, je pense qu'il y a une telle surenchère dans l'horreur dans d'autres films, qu'on trouve ce qu'on a vu bien mièvre : dans un autre film, Patsey serait morte sous les coups, on aurait vu des morceaux de chair de 3 cm3 sauter et non pas de 0.5 malheureux cm3 (si ce n'est pas de l'arnaque), le héros ne se décide pas à la tuer de ses mains... On aurait vu les acheteurs des enfants bien baver aux commissures et les tripoter séance tenante, histoire de nous faire comprendre qu'ils étaient pédophiles... Et l'histoire de Solomon se termine "bien"?... C'est discutable, il retrouve des enfants adultes qui se sont construits sans lui, son fils ne s'approche pas de lui, sa femme tarde à le faire... De plus, le générique de fin nous apprend qu'il a disparu et qu'on ignore où et quand il est mort... C'est tout à fait dans les habitudes du Klu Klux Klan d'enlever les "nègres" qui la ramènent et de leur faire payer militantisme, dénonciation, etc. Comme happy end hollywoodien, franchement, on fait mieux !

J'ai retrouvé avec plaisir dans la bouche de Brad Pitt, en Canadien abolitionniste, les arguments du très beau texte du Chevalier de Jaucourt dans l'Encyclopédie. Il NE peut PAS être légitime de priver un homme de ses droits.

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