Pétronille, d'Amélie Nothomb (2014)
Amélie Nothomb rencontre Pétronille Fanto (Stéphanie Hochet à la ville) lors d'une séance de dédicaces. Il s'avère que cette jeune écrivain "prol", abrupte, sorte de jeune Marlowe, est la compagne de beuverie au champagne que l'auteur se rêvait. Elle écrit, la protège sur le sol ancestral d'Angleterre qui lui paraît hostile lors d'un voyage pour interviewver, lui confie un manuscrit avant de disparaître pour une traversée du Sahara à pied...
C'est une Antichrista complémentaire et non plus hostile que l'auteur rencontre là ; Pétronille est aussi hardie et bagarreuse que l'auteur est affable et accommodante et elles se sont apporté mutuellement, de toute évidence, beaucoup. Le champagne ne paraît guère qu'un fil directeur, le liquide qui lie les blancs, remplit les vides, rafraîchit ce qui chaufferait, chauffe ce qui ne serait que piteux. C'est pour en parler qu'Amélie Nothomb trouve sa meilleure verve. En réalité, c'est peut-être ce qui sépare le plus les deux buveuses : l'une est fascinée par les plaisirs de la vie, la compagnie, une certaine sophistication dans les rapports humains, l'autre voit sa vision décuplée par la proximité de la mort et aime tout ce qui aiguise sa perception - dont l'alcool.
La fin - encore une mort - me paraît bien trouvée, moins dictée par la facilité ou l'embarras et je l'ai bien aimée : elle ouvre de nouvelles questions, fort imprévues.