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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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27 juillet 2016

Vera Kaplan, de Laurent Sagalovitsch (2016)

vera-kaplanLa grand-mère du narrateur, dont il ignorait l'existence, est décédée à Berlin qu'elle n'a jamais quitté. Il s'agit de Vera Kaplan, la "cannibale juive", une femme qui a dénoncé d'autres Juifs pendant la guerre, dans l'espoir de retarder le moment où le superviseur de l'hôpital déclarerait ses parents aptes à partir dans les camps de concentration. L'enfant qu'elle attendait, une petite fille, lui a été enlevée quand la libération l'a envoyée en prison. Elle n'a rien oublié, elle a écrit dans des cahiers à sa fille, faute d'avoir son adresse. Elle est heureuse de la savoir en Israël.


Vera Kaplan est entre la tentative de se justifier à ses propres yeux et à ceux de sa fille et le désir brut d'exister qui se passe de toute excuse. L'interrogation que pose le roman sans doute existentialiste : est-ce que la monstruosité de son comportement fait d'elle un monstre ou est-ce qu'elle est une victime de l'époque où elle vivait ?

Le personnage est complexe, attachant, vivant, vivace, sa sensualité déchire les pages, Vera oscille entre l'amoralité des sens, et l'immoralité de l'impuissance, sa capacité à aimer, à l'abnégation est éclatante, évidente. Alors pourquoi ? A-t-elle tort de considérer que les Juifs qui se laissent sagement arrêter, qui creusent la tombe où leur bourreau les abattra, comme déjà largement consentants au martyre ? que quelques semaines de vie en plus pour ceux qu'elle aime vaut l'extermination de tous les autres ?...

Ce roman est remarquablement bien écrit tout en se lisant aisément, avec plaisir. On ne s'en arrache qu'à la condition d'y retourner assez vite. Ça me console de mes dernières lectures, y compris de certaines fictions que j'ai lues, sur le même thème et à la même époque, où l'auteur croyait peut-être que sa prose médiocre en serait anoblie et muselées les critiques sur sa plume. Laurent Sagalovitsch porte son sujet, extrêmement difficile à cause de la complexité du personnage choisi, qui évoque un peu Imre Kertész, il ne se sert pas du sujet, et c'est tout son mérite. Il paraît qu'il s'est inspiré d'une histoire vraie, celle de Stella Goldschlag. Le roman sort cette année et mérite vraiment d'être connu.

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