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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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6 février 2018

A quoi rêvent les loups, de Yasmina Khadra (1999)

aquoireventNous suivons les pérégrinations de Safa, un jeune et bel Algérien qui se destinait au métier d'acteur et espérait se rendre à Paris pour vivre son rêve cinématographique. Déçu, révolté, épris de gloire et résigné à ne plus l'obtenir par les moyens habituels, il finit par se laisser porter d'un métier de chauffeur pour de riches notables corrompus, puis, insensiblement, il passe des taxis caritatifs mis en place par les islamismes à des réseaux armés du GIA...


FIS, GIA, des acronymes qui ne disaient pas toujours grand'chose en France dans les années 90. Je me souviens que FIS de la haine, de Rachid Boudjedra m'avait beaucoup aidée à comprendre ce qui se passait... et à ne pas le comprendre, d'ailleurs, et surtout pas la place ambiguë de la France dans l'Algérie post-coloniale. Depuis Daesh, le tout-venant a une idée plus précise de ce dont il s'agissait. Sur le modèle des Moudjahidin afghans, dans les camps desquels beaucoup de jeunes islamistes allaient se former, ces groupes forment une guérilla d'une sauvagerie aussi bien interne qu'externe, avec des désaveux et des apostasies pratiquement inévitables dans un groupe où règnent violence, terreur, défiance, solitude. Comment Safa se retrouve émir, c'est un mystère : il aurait pu aussi bien se faire égorger, écorcher comme d'autres de ses compagnons, au gré des caprices et des soupçons fondés ou non, de ses chefs. De même, se retrouve-t-il avec une cruauté papillonnante.

Je ne suis plus freudienne depuis longtemps (l'ai-je jamais été ?) mais l'association Eros et Thanatos, le rôle de la frustration sexuelle aboutissant au meurtre et à la tartufferie, éclatent dans ces histoires. Je me souviens d'avoir été frappée par un reportage assez voyeur où deux cercueils contenant les cadavres de jeunes filles dont la pâleur funèbre et des reflets minéraux exaltaient le caractère surnaturel de leur beauté. Se battant pour ne pas être violées, elles avaient été égorgées. Je m'étais demandé à l'époque comment ces "guerriers" pouvaient concilier leur soif de pureté et de pudeur (féminine essentiellement) avec la pratique du viol ; à la lecture de ce roman, qui m'apprend le terme sabaya (Femmes ou filles enlevées au cours de massacres collectifs -...- elles constituent le bordel de campagne des intégristes. Sont systématiquement décapitées ou écartelées dès les premiers symptômes de grossesse - Note de l'auteur).

Mépris du vivant, impasse politique, la violence de ces mouvements apparaît autodestructrices et destinées à les discréditer : on peut tenir par la terreur dans un premier temps, mais pour durer, il faut de la faveur.

Citations :

  • Assis sur une roche, l'imam Othmane pleurait :
    -Si rien ne mérite d'égards à tes yeux, c'est parce que tu ne vaux pas grand-chose, psalmodiait-il. (...)
    - Nous sommes en guerre.
    - Tu viens de la perdre, émir. Une guerre est perdue dès que des gamins sont assassinés. (...)
    Je braquais mon pistolet sur lui et je l'abattis.
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