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8 décembre 2018

Entre les murs, de François Bégaudeau (2006)

entre-mursRelecture du 25 juin 2008.

Il serait faible de dire que les premières pages du roman m'ont déplu : j'étais hérissée devant les manières de ce professeur de français, que je trouvais complètement irrespectueux de ses élèves (le "M'sieur, vous charriez trop" est, pour une fois, justifié) et même du savoir qu'il enseignait : "ça dépend", "ça ne sert à rien", "on s'en fiche". Il m'a vraiment donné l'impression qu'il venait sans avoir préparé son cours : il suffit de voir qu'il donne l'exemple "J'ai vendu ma voiture à un homosexuel" (très drôle...) pour illustrer un cours sur les reprises pronominales Y et EN : selon lui, si on pousse le travail jusqu'au bout, ça donnerait... "J'Y ai vendu ma voiture" !? Si le solécisme vient d'en haut, comment feront les élèves ?
Puis j'ai réfléchi que tout cela devait être intentionnel : on ne se cite pas, quand on est agrégé, dans un récit, de manière aussi orale sans cela ; on ne se met pas en piste en se donnant le mauvais rôle après coup, alors qu'il serait si facile de donner un coup de vernis à la séquence. Il résiste à la tentation de se peindre en professeur parfait et à faire porter à ses élèves seuls la responsabilité d'inanité du cours. C'est cette lucidité et humilité qui ont fait que je lui ai beaucoup pardonné en tant que lectrice. Quant aux chers collègues, dans la salle des profs, ils sont pitoyables, avec quatre sujets de conversation en tout. Ce n'est heureusement pas le cas partout. Sans doute a-t-il voulu dire que dans un système où tous les acteurs (profs, élèves, administration) ne peuvent plus se voir, on finit par se laisser ronger par la déception et entraîner dans une spirale de médiocrité où l'on rêve d'être ailleurs qu'à l'école.

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