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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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18 juin 2021

Les Contemplations, I à IV

M02081213141-sourceLe découpage choisi correspond au programme des Classes de Première à l'examen de cette année. J'avais déjà lu le livre IV, mais pas encore les livres V et VI (qui correspondent, plus encore que les précédents, à la partie spirite de l'expérience hugolienne, que le Ministère a préféré éviter).

Victor Hugo organise un découpage temporel autour du décès tragique de sa fille Léopoldine et de son jeune mari qui est "Aujourd'hui", précédé d'un "Autrefois" où être poète est être amoureux et combatif.

Grâce au livre I "Aurore", je lis entièrement le "Réponse à un acte d'accusation" qui expose magistralement la poésie de Hugo.

  • Je massacrai l'albâtre, et la neige et l'hivoire,
    Je retirai le jais de la prunelle noire,
    Et j'osai dire au bas : Sois blanc, tout simplement
  • (...) Et je n'ignorais pas que la main courroucée
    Qui délivre le mot, délivre la pensée.

Cette partie fait l'effet de miscellanées à la chronologie cassée, toutefois indiscutablement placée sous le signe de la Genèse. Souffle épique, élégie tendre et simple, satire cruelle alternant, tout est charmant et puissant.

9782070437283XXIII "L'Enfance"

  • La douleur est un fruit ; Dieu ne le fait pas croître
    Sur la branche trop faible encor pour le porter.

XXVI "Quelques mots à un autre"

  • Quand l'impuissance écrit, elle signe : "Sagesse".

La partie "Aurore" fait du "je" poète un être combatif, évolutionnaire, parfois seul contre tous les conservatismes... mais solidaire des petits, des humbles, des fragiles, chantre des bucoliques.

Dans le livre II, "L'Âme en fleur", Victor Hugo est pleinement romantique, avec cette Nature à l'unisson du coeur du poète, le lyrisme amoureux, à croire que toutes les catégorisations ont été faites d'après sa poésie. Des madrigaux, des poèmes en forme de billet doux : "Mes vers fuieraient..."

  • J'ai dit aux astres d'or : Versez le ciel sur elle !
    Et j'ai dit à vos yeux : Versez l'amour sur nous ! (V "Hier au soir" Mai 18..)

Et, bien sûr, le bucolique dont je parlais plus haut s'accentue : un poème s'intitule même "Eglogue" ("Nous errions elle et moi, dans les monts de Sicile") ; XIII : "Viens ! - une flûte invisible (...) / Est la chanson des bergers."

Il sacrifie au mythe de la prédestination des amoureux : XIV "Billet du matin" : "Et naturellement nous nous reconnaissions".

A côté de grandes orgues et d'images sublimes, il affecte de dégager des fleurettes et de "petits oiseaux".

Livre III "Les Luttes & les Rêves"

Je pense que l'"Ecrit sur un exemplaire de la Divina Commedia" est une allusion à une rencontre aux séances de spirirtisme que V. Hugo et ses amis organisaient, auxquelles se pressèrent, certes, Léopoldine, mais aussi bon nombre d'illustres grands hommes du passé, dont Dante Alighieri.

Je lis enfin en entier le célèbre "Melancholia" : Les Misérables y sont en germe. La femme pauvre, épouse d'un alcoolique, non, c'est autre chose, mais déjà Fantine et Jean Valjean, peut-être Cosette, il y éoque la cause animale, les malhonnêtes, les besogneux.

III "Saturne", un poème sur la mort, l'après-vie, le temps.

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  • Je ne cacherai pas au peuple qui m'écoute
    Que je songe souvent à ce que font les morts (...)

VI "La Source" : une fable sur la paix fondée sur le partage.

XIII "La Chouette"

  • Race qui frappes et lapides,
    Je te plains ! hommes, je vous plains !

    Hélas ! Je plains vos poings stupides,
    D'affreux clous et marteaux pleins !
    Vous persécutez pêle-mêle
    Le mal, le bien, la griffe et l'aile,
    Chasseurs sans but, bourreaux sans yeux !
    Vous clouez de vos mains mal sûres
    Les hiboux au seuil des masures,
    Et le Christ sur la porte des cieux !

On y trouve des poèmes sur le deuil qui préparent "Pauca Meae" (livre IV)
Au bout d'un moment, je trouve qu'il use et abuse du pathétique tableau de la mère àl'enfant mort. J'imagine bien que c'est parce qu'il a perdu lui-même ses fils premiers-nés et que cette récurrence en a imprimé le motif littéaire comme une obsession.

88585830Le long poème final "Magnitudo Parvi" qui évoque un pâtre, poète, prophète, St-Jean-Bapiste à la fois est beau mais interminable... et j'ai fini par le survoler...

J'ai relu la section "Pauca Meae" avec un plaisir mêlé de compassion, car elle est aussi belle que poignante. Un tableau d'un père endeuillé, souvenirs heureux... puis imprécations d'un croyant qui sent sa foi vaciller... et qui y avait absolumé tout fondé : son oeuvre, ses combats politiques ! Tentation d'une sécession, vanité de l'oeuvre d'une vie.
La naïveté de Victor Hugo était touchante : il croyait que sa vocation de poète-prophète, de vates antique, allait lui donner une sorte de privilège.
Il découvre qu'en réalité, ce sont eux les plus éprouvés et, s'identifiant à Job, il avait plus de chances de comprendre les desseins de la divinité et d'accepter l'oeuvre avec soumission.

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