ADN, de Maïwenn (2020)

Neige va voir fréquemment son grand-père Emir, d'origine algérienne, qui est une source de stabilité pour elle, de culture, d'énergie ; son neveu en galère estime, lui, a été élevé par lui et vient même plus ou moins habiter avec lui dans sa maison de retraite. Mère, tante, enfants, cousins sont effondrés par la mort de ce pilier de la famille. Atteint de la maladie d'Alzheimer, l'album de souvenirs qu'il avait aidé à constituer avant que la maladie ne soit trop aigüe, ne lui rappelle rien, en dehors de la photographie de sa mère, qui lui arracha des larmes. A la faveur de l'organisation et du déroulement des obsèques, toutes les mésententes, les différences irréconciliables, la "toxicité, comme on dit maintenant, des liens et des personnes remontent à la surface...

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C'est au niveau de la façon dont ces différences et mésententes s'expriment que je n'ai pas adhéré au film : ils constituent, paraît-il, un côté burlesque du film, moi, je les trouve invraisemblables. La façon dont ils sont capables de se moquer ouvertement les uns des autres pendant l'office funéraire (et non pas après, à la limite), en pouffant et gloussant, eux qui sont prétendument éperdus de respect pour Emir, me laisse dubitative. Le côté "bande de jeunes qui pouffe dont on reste extérieur", je l'avais déjà noté dans Mon Roi. Même l'esclandre pendant l'office, pour une lubie de la mère (très bien jouée par Fanny Ardant), me paraît absurde. En général, l'esclandre a lieu après, en off, ou les gens ne se parlent plus jamais.

En revanche, le fil de la maladie d'Alzheimer du grand-père, l'album, le test ADN, le besoin de renouer avec ses ancêtres, par dessus la tête de parents avec lesquels Neige ne s'entend pas, est fin, crédible, intéressant. Toute la frustration de comprendre qu'on ne connaîtra pas le chaînon manquant, que la science égare plus qu'elle n'éclaire, car tout passe par l'aveu des gens, passe sans heurt au spectateur. Elle peut effectivement pousser par le jeu du voyage, du changement de nationalité, à mettre ses pieds dans les traces qu'on a du défunt, pondérer à la hausse son ADN avec lui.

Les acteurs jouent tous très bien, on s'intéresse à tous les personnages.

Bande-annonce.