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18 juillet 2022

Socrate médecin pour temps de crises et de catastrophes, Jean-Louis Cianni (2022)

jean-louis-cianni-pour-temps-crises-catastrophes-socrate-medecin-6246ef26f1052325688217L'auteur part du constat que les enseignements philosophiques de Socrate sont toujours d'actualité, et du postulat qu'ils ne sont pas qu'un outil pour la discipline fondée, ils sont aussi une thérapie, au sens étymologique du terme. En effet, θεραπεύειν signifie soigner, prendre soin, mais aussi rendre hommage, cultiver. Selon moi, le concept est complètement lié au tournant néolithique mais ceci est un autre propos. Il est à noter que l'auteur a déjà montré dans une autre oeuvre, La Philosophie comme remède au chômage, qu'il est acquis à l'idée d'une philosophie thérapeutique... et à travers Ulysse et nous, que nous sommes toujours nourri par l'Antiquité. Il s'agit de dissertations philosophiques thématiques qui, selon moi, ne peuvent pas se lire séparément ni dans l'ordre qu'on veut, et qui s'appuient sur ce qui a été démontré auparavant. Par conséquent, on finit par se rendre compte que les thèmes sont en réalité très poreux : car prendre soin de soi-même, la faculté à s'étonner et se connaître soi-même, tels qu'ils sont rédigés finissent par se confondre, non pas par carence de l'auteur, mais par cohérence des enseignements socratiques. Ceci dit, j'ai plusieurs fois eu l'impression de lire les mêmes pages à l'intérieur de chaque chapitre ou d'un chapitre à l'autre ; peut-être y a-t-il eu des subtilités, des nuances, que je n'ai pas su voir ?

Au sujet des "crises et des catastrophes", la récente crise sanitaire et ses confinements fait fréquemment l'objet d'observations très intéressantes et c'est le fil directeur de l’œuvre, jusqu'à sa conclusion. C'est un choix pertinent car il englobe de nombreuses thématiques socratiques, qui sont, justement, la table des matières :

  1. Ayez soin de vous-mêmes
  2. S'étonner, la philosophie n'a pas d'autre origine
  3. Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien
  4. Connais-toi toi-même
  5. Je suis content d'être réfuté quand ce que je dis est faux
  6. Ce qui donne naissance à la société, c'est l'impuissance où chaque homme se trouve de se suffire à lui-même
  7. L'injustice fait de l'homme l'ennemi de lui-même

Pour avoir étudié certains livres d'Hippocrate et les avoir commentés, j'ai été très intéressée - et convaincue - par les quelques parallèles que l'auteur fait entre l'approche hippocratique de la science médicale et la philosophie telle que l'a voulue socrate.

Il est à noter que Jean-Louis Cianni ne se laisse pas distraire par la question de ce que la pensée socratique, telle qu'elle nous est arrivée, doit à Platon, il y sacrifie le minimum qu'il faut mais sans en faire un ex cursus finalement hors-sujet, son propos n'était pas de dire quelle était la pensée, sans mélange, de Socrate.

Citations :

  • Dans un monde qui sacrifie tout au présent, il devient nécessaire de prendre du temps et du recul. Le présent est-il si pur et si préférable qu'on nous le vend ? Il a ses aveuglements et ses dangers.
  • L'objet du désir, c'est comme un astre absent, un objet perdu. Désirer, c'est manquer de et le déplorer.
  • La peur engendre la peur, elle engendre aussi la volonté de faire peur. Si bien que nous nous engloutissons dans cette peur collective. " J'ai peur donc on va m'effrayer", tel le nouveau cogito de l'époque. La peur et la rumeur avancent au même pas, soeurs aussi vives que conquérantes.
  • Socrate explique alors [à Alcibiade] les raisons de son trouble. Il lui dit en substance : ton incertitude provient d'une ignorance, de la pire même des ignorances : celle qui s'ignore elle-même et croit savoir ce qu'elle ne sait pas. (...) Socrate conseille alors à Alcibiade de s'occuper de lui-même avant de s'occuper de la cité, de commencer à prendre soin de lui avant de prendre soin des autres.
  • La liberté à laquelle nous tenons tant ne s'exerce pas sans risques. Il faut accepter de courir celui de ses excès et de sa propre caricature. Intégrer les déceptions qu'elle provoque. Celles-ci sont comme un luxe, mais faut-il rappeler que dans un système totalitaire, elles sont impossibles à exprimer. La liberté démocratique n'existe pas sans débat. La pandémie a été l'occasion de réactiver ce débat indispensable. La séquence sur la vaccination obligatoire et le pass' sanitaire de ce point de vue a été la plus vive.
  • Bien avancé, notre procès est toujours en cours. Nous approchons peut-être du moment où nous aurons à boire notre ciguë. A ce point de tension extrême, nous restons libres de ne pas nous condamner.
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