Presque célèbre, de Cameron Crowe (2001)
William Miller (Patrick Fugit) croit avoir un an d'avance, est élevé aux côtés d'une grande sœur rebelle par une mère enseignante, qui, sous des dehors calmes et ouverts, a des idées bien arrêtées sur le rock ("apologie de la drogue et de la promiscuité sexuelle") et ce qui est moral ou pas. La grande sœur finit par s'enfuir à sa majorité pour devenir hôtesse de l'air, laissant au petit frère un double héritage : la révélation forcée qu'il n'a pas un an d'avance mais trois et une collection (qui a dû laisser sans voix les spectateurs amateurs) de disques de rock des années 60-début 70.
Voilà que le jeune garçon se passionne tant pour cette musique qu'il écrit dans Creem, un magazine, ses interviews et ses critiques. Après une tentative manquée pour interviewer Black Sabbath, il rencontre les Stillwater et son article est si bien remarqué que le magazine Rolling Stone, qui ignore qu'il n'a que quinze ans, l'engage pour suivre quelques jours ce dernier groupe en tournée...
Or il y a un écueil : tant sympathiser avec le groupe qu'on puisse perdre son recul de journaliste pour devenir un des leurs. A bien y réfléchir, il y en a un autre : les membres de groupe complètement perdus dans leur musique, leurs intrigues avec les groupies ("groupeuses") et les soirées bien arrosées et enfumées oublient de se montrer professionnels. Et il y a maman, qui s'inquiète beaucoup de ne pas voir revenir à temps William pour sa remise de diplôme et qui harcèle de coups de fils et de menaces le groupe et son fils. Sans compter le rédacteur en chef de Rolling Stone, qui ne voit pas venir son article. Ni une des groupeuses, surnommée Penny Lane (Kate Hudson), qui passe ici et là, comme une fée...
Un très bon film où l'on aimerait plus entendre encore la bonne musique. Pas de manichéisme, beaucoup de générosité scénarique et humaine et même les événements les plus extraordinaires paraissent crédibles.
William Miller possède un capital de sympathie fabuleux, et, peut-être parce que j'ai l'âge d'être sa mère, je me suis complètement identifiée à Elaine (Frances McDormand, Short Cuts), tremblant pour son bébé perdu au pays des adulescents.
La question de la promiscuité avec son sujet et la difficulté du recul est intéressante, mais c'est dommage que Cameron Crowe ne nous dise pas plus explicitement comment William a pu la résoudre (ou ne pas la résoudre).
Bande-annonce.
Vu en video à la demande.