La Dame de pique et autres nouvelles, d'Alexandre Pouchkine (1833)

"La Dame de pique"

D'une vieille comtesse russe, on raconte qu'elle connaît le secret pour reconnaître trois cartes gagnantes d'affilée. Elle aurait déjà transmis son secret à un certain Tchaplitski. Cela fait rêver Hermann, un officier du génie, "Allemand russifié", qui a de gros ennuis d'argent. Pour approcher la vieille dame, il imagine de courtiser sa jeune parente pauvre, Lizaveta Ivanovna, mais hélas, lors d'une intrusion nocturne organisée par cette dernière, au lieu de la rejoindre, Hermann va tenter de persuader la comtesse de lui transmettre son secret, mais l'octogénaire, terrifiée, meurt de saisissement...

Une histoire peu reluisante qui se termine par un macabre clin d'œil, c'est vraiment un régal.

"Les Récits de feu Ivan Pétrovitch Belkine"

• "Le Coup de pistolet"

Comment les défis de jeunes joueurs imbus d'eux-mêmes mènent à des duels inoubliables.
Je suis restée un peu perplexe.

• "La Tempête de neige"

Deux jeunes gens organisent un enlèvement suivi d'un mariage contre le consentement de leurs parents, et voilà que l'étrange s'en mêle : la jeune femme tombe malade et le jeune homme se retrouve à dix verstes de l'endroit convenu...
Encore une fois, la perplexité a été de mise. C'était presque du Alphonse Allais !

• "Le Marchand de cercueils"

Un marchand de cercueils s'offense des plaisanteries que d'autres artisans lui font sur ses clients ; il affirme lors d'une beuverie, tel un grotesque Don Juan, qu'il les recevra tous à souper s'ils le désirent...
Le récit se termine là encore en suspens, en quelque sorte, mais avec une piste.

• "Le Maître de poste"

Dounia, la fille du maître de poste, est si ravissante qu'elle attire l'attention du narrateur, qui quête un baiser et s'en va... Il ne l'oubliera pas et, quelques années plus tard, ira aux nouvelles. Son père lui racontera comment un barine la lui aura enlevée...
Même principe que les nouvelles précédentes, sauf qu'il n'y a rien à comprendre. Petite tranche de vie prise en radiographie, touchante et pudique, malgré le sujet.

• "La Demoiselle paysanne"

Lisa, surnommée Betsy par un père anglomane, rêve du fils de son voisin, qui a la réputation d'être un grand charmeur, mais auquel elle ne peut prétendre, non pas par différences de condition sociale (ce sont des hobereaux), mais à cause de la mésentente entre leurs parents, décide de faire sa connaissance incognito.
Avec la complicité de sa servante, elle se travestit en paysanne et provoque une rencontre...
Un grand sourire et beaucoup d'autodérision : Pouchkine affecte de ne pas achever l'histoire... elle est tellement évidente ! Et les jeunes gens sont si prévisibles !...

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Citations :

• Amer est le pain des autres, dit le Dante, et durs à gravir les degrés d'une demeure étrangère : or qui, mieux que la pupille pauvre d'une vieillarde titrée, connaît l'amertume de la dépendance ? ("La Dame de pique")

• Le lecteur éclairé n'ignore pas que Shakespeare et Walter Scott nous ont peint leurs fossoyeurs en hommes gais et bons vivants pour mieux frapper notre imagination au moyen de ce contraste. Le respect de la vérité nous interdit de suivre cet exemple et nous oblige à reconnaître que notre marchand de cercueils était doté d'un naturel tout à fait conforme à sa lugubre industrie. ("Le Marchand de cercueils")