L'Auberge rouge, d'Honoré de Balzac (1831)
A Paris, dîner en compagnie d'un Allemand bon convive et disert, auquel on demande un récit terrifiant. Il situe son récit à Andernach, et à mesure que celui-ci progresse, le narrateur remarque que Taillefer, un richissime homme d'affaires, perd contenance. Il s'agit de l'histoire d'un jeune homme tenté de commettre un crime crapuleux, qui se couche sans avoir cédé à cette tentation mais qui se réveille alors que le crime a été commis et que tous les indices l'accusent. L'aurait-il commis pendant son sommeil ?
Une très agréable découverte, ce bref roman de Balzac qui m'était complètement inconnu et dont le titre avait été usurpé par divers films plus ou moins comiques. On touche à une autre veine, explorée avant Balzac par Nodier ou Sand, sous le même titre, ou une thématique qui parcourt tout le XIXème siècle, et le déplacement de la psychologie de la période avec l'âme romantique et le soupçon de l'inconscient.
La seule chose qui m'a désagréablement chatouillée, c'est que j'ai trouvé la coïncidence (je ne dirai pas laquelle) un peu grosse, au point que j'ai préféré plusieurs fois, égarée par l'apparat-critique qui documentait ces pistes, imaginer des solutions un peu plus ésotériques.
C'est un récit qui pose une question, un dilemme moral auquel l'auteur refuse de fournir lui-même la réponse ; ses personnages en proposent plusieurs mais même pas toutes celles qui sont possibles, ce qui oblige le lecteur à rester très actif.