Rien à déclarer, de Dany BOON (2011)
1993 : les douanes nationales vont cesser d'exister et on va expérimenter la coopération internationale européenne de la douane volante. Ce n'est malheureusement pas gagné d'avance : un des douaniers belges (Benoît Poelvoorde) déteste férocement les Français en général et celui qu'on lui donne comme coéquipier en particulier (Dany Boon). Il est pourtant crucial pour ce dernier d'entrer dans les bonnes grâces de ce cacochyme et xénophobe collègue, car il brigue la main de sa soeur et vit son amour avec elle dans une lâche clandestinité depuis plus d'un an...
Sur fond de trafic de drogue (bon enfant et à l'origine de nombreux gags) à démanteler, Dany Boon signe une comédie que je trouve plus efficace que celle des ch'ti, où l'on perd moins de temps à glousser tous en choeur et qui me paraît plus ambitieux.
En effet, même si Dany Boon semble ne pas se prendre au sérieux et a plus travaillé à l'enchaînement et au dosage de son humour, il n'empêche qu'il évoque, mine de rien, des problèmes qui comptent : les drames économiques individuels liés à la disparition des douanes, les programmes internationaux ronflants si mal financés (il faut moins de fonctionnaires et qu'ils fonctionnent avec des pièces jaunes) que leur déroute est prévisible. Ah, la magnifique Tcheety-tcheety-bang-bang qui leur sert de véhicule !...
Mais je ne me cache pas derrière ces questions sérieuses pour dire que j'ai aimé le film : s'il m'arrive d'être parfois snob, j'ai la reconnaissance de mes zygomatiques et je vote toujours pour qui me fait rire sans me demander si c'est lourd, si c'est léger, si c'est culturel... D'abord, l'épisode un peu scato du film est traité de manière euphémique, malgré tout : "Si tu as besoin d'aide, ne m'appelle pas !"
Autre ellipse : Dany Boon a eu le bon sens de nous épargner le tableau final de tous les gens qui s'entr'aiment, Belges, Français, etc. Peut-être parce que la xénophobie est un puits sans fond et qu'il paraît vain d'imaginer que notre douanier raciste puisse devenir un pur et tendre agneau. Il plaide pour la tolérance et le respect, bien plus réaliste et porteur d'espoir, et la fin en est de ce fait beaucoup plus efficace.
Je me demande, pour finir, comment les Belges ont reçu ce film...