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Mots et Images
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27 avril 2012

Il ne faut jurer de rien, d'Alfred de Musset (1836)

jurer-de-rien-penser-a-toutValentin Van Buck, un jeune indolent, désenchanté, faiseur de dettes de jeu et de toilette, se voit exhorter par son oncle à épouser une jeune aristocrate qui pourra le renflouer et sans doute peut-être, lui donner un peu de sens des responsabilités. Il refuse tout net, craignant par dessus tout d'être un jour trompé par sa femme ; cela lui donne l'idée de passer un marché avec son oncle : Valentin va rencontrer Mademoiselle de Mantes, non pas comme son futur promis, mais dans les circonstances romanesques d'un accident de fiacre devant sa demeure.

Là, il lui fera la cour : si elle résiste, elle résistera donc un jour à des galanteries adultères, et il acceptera de l'épouser ; si elle succombe, elle succombera toujours au romanesque dont se pare toujours l'adultère, et donc il refusera de l'épouser.

Ce que Valentin n'avait pas prévu, c'est que la jeune fille l'identifierait au premier coup d’œil... et que, si sa tête tient à ce qu'elle résiste, son cœur est piqué que son charme n'ait pas l'air d'opérer.


Une jolie pièce, remplie des thèmes de prédilection de Musset, de son obsession pour la pureté et la corruption, déjà rencontrés dans Confession d'un enfant du siècle. Elle est faussement simple et le dénouement est d'une très longue étendue : le triomphe de Cécile est total. Il ne peut être lu et apprécié à sa juste valeur que par des personnes qui connaissent les valeurs conjugales en vigueur au XIXème siècle et qui voudront bien y adhérer le temps de la lecture, sans quoi il y a de quoi convoquer les Chiennes de garde de toute urgence !

Je ne compte rien faire qui puisse choquer personne. Je compte d'abord faire ma déclaration ; secondement, écrire plusieurs billets ; troisièmement, gagner la fille de chambre ; quatrièmement, rôder dans les petits coins ; cinquièmement, prendre l'empreinte des serrures avec de la cire à cacheter ; sixièmement, faire une échelle de corde, et couper les vitres avec ma bague ; septièmement, me mettre à genoux par terre en récitant la Nouvelle Héloïse, et huitièmement, si je ne réussis pas, m'aller noyer dans la pièce d'eau ; mais je vous jure d'être décent, et de ne pas dire un seul mot, ni rien qui blesse les convenances. (Valentin, II, 1)

  • Ah ! qu'on a bien raison de dire qu'une première faute mène à un précipice ! (Van Buck, III, 1)
  • Vous me traitez de Lovelace ; oui, par le ciel ! ce nom me convient. Comme à lui on me ferme une porte surmontée de fières armoiries ; comme lui, une famille odieuse croit m'abattre par un affront ; comme lui, comme l'épervier, j'erre et je tournoie aux environs ; mais comme lui, je saisirai ma proie, et comme Clarisse, sa sublime bégueule, ma bien-aimée m'appartiendra. (Valentin, III, 1)
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Commentaires
D
:o) Je suis bon public, et j'ai trouvé que l'interpolation d'_On ne badine pas avec l'amour_ en plein milieu de cette pièce n'était pas une si mauvaise idée... Il est vrai que j'ai quand même eu du mal à reconnaître la pièce et que je me suis dit qu'il allait falloir que je la relire pour "nettoyer" les scories du film et rester sur "la bonne version" !<br /> <br /> Comme d'habitude, chaque fois que l'industrie du film veut bien faire une concession à nos classiques (concession largement rétribuée par les nuées d'enseignants qui se sentent ensuite obligés de trimballer leurs potaches au cinéma ou d'acheter le DVD), elle s'arroge quand même le droit de racoler, histoire de pouvoir mettre des images érotiques dans la bande-annonce. Attention, braves gens, c'est classiques, mais on flattera vos bas instincts quand même !<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai dû mal lire la pièce, car j'ai eu l'impression qu'Alfred se faisait prendre à son propre piège, pas du tout qu'il "menait sa barque" ! Peut-être feint-il d'être piégé, alors ?
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K
Oh tiens, c'était au programme de l'agrég de lettres 2013 avec Badine et Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. <br /> <br /> Il faut se méfier de ces pièces à proverbe qui sont faussement simples. C'est un coquin cet Alfred et il mène bien sa barque jusqu'au dénouement, comme dans les deux autres pièces citées précédemment (tu les as lues, tu le sais donc aussi bien que moi). <br /> <br /> <br /> <br /> En revanche je ne te conseille pas du tout, mais alors pas du tout l'adaptation cinématographique qui en a été faite avec Jean Dujardin, Mélanie Doutey et Gérard Jugnot (2005). <br /> <br /> Concernant ce film, je ne peux que rejoindre ce commentaire posté sur la page youtube, qui correspond bien à ce que j'en ai pensé : " this looks major sh[...], I bet Musset is rolling in his grave".<br /> <br /> <br /> <br /> En quelques mots, c'est une vampirisation abjecte de la pièce (candidement affublée de la tirade des phoques de Badine au milieu d'un bordel, où Cécile vient chercher son homme...), incohérent, faux de bout en bout, involontairement ridicule dans le mélo premier degré, sans la dérision, rien de l'esprit de Musset n'y subsiste. Excuse cette opinion peut nuancée mais j'aime trop Musset et le cinéma mais là, la coupe est pleine — loin de mes lèvres (joke)! Ce que le divertissement peut faire de pire à mon goût.<br /> <br /> <br /> <br /> KiKi
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