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20 juin 2012

Les Animaux dénaturés, de Vercors (1951)

animaux-denaturesDouglas Templemore, journaliste londonien, suit une expédition en Nouvelle-Zélande, dans le Takoura sur la piste de fossiles pithécanthropes qui constituent peut-être le "chaînon manquant" de l'Homo sapiens. Or, sur place, une nouvelle découverte va faire sensation : un crâne tout à fait récent et appartenant à la même race hominidée que la mâchoire fossile à l'origine de l'expédition. La tribu de ceux qu'on va appeler les "tropis" ne tarde pas à se manifester (jets de pierres... taillées !) et les fouilles se transforment en étude zoologique.

La question de savoir s'il faut considérer les tropis comme des humains n'intéresse de prime abord que Doug, tandis que les scientifiques affectent de ne se préoccuper que d'observer, analyser, filmer, noter. Or, un beau soir, les porteurs Papous vont manger en cachette quelques tropis. L'équipe entière se dit qu'il s'agit peut-être de cannibalisme... ou alors un simple vol de viande comestible ? Un malaise naît de l'impossibilité de mettre un mot sur ce... délit ou simple repas ?

L'urgence de décider qui sont les tropis devient absolue quand les agents économiques australiens apprennent qu'existent des hominidés qu'on va pouvoir exploiter comme des bêtes de somme en remplacement d'ouvriers et faire baisser les coûts de production, et qu'ils font valoir leurs droits sur les tropis. Il faut vite décider si l'on a affaire à des hommes ou des bêtes ; mais chacune de ces options comporte des avantages et des inconvénients, qui seront lourds de conséquences pour tous.


Un récit de science-fiction, uchronique, tout à fait passionnant, que Vercors conduit d'une main de maître : parodie souriante des romans de Jules Verne, questionnement d'actualité au sortir de la IIème guerre mondiale, et encore à notre époque sur le racisme, humour, ficelage du dilemme de ceux qui participent au débat, tout est vraiment délectable.

Le pessimisme même de la résolution de ce dilemme est atténué par les choix narratifs. Une belle découverte pour moi.

Ce qui est inquiétant, dans ce roman, c'est qu'on se rend compte que l'humanité n'est pas scientifiquement définissable, alors qu'on s'en gargarise. La pente vers laquelle nous fait glisser ce roman est vertigineuse.

Citations :

  • Car je pense profondément, tabous ou non, que la Parole est juste. Peut-être, précisément, parce qu'elle rompt avec la nature, avec son aveugle loi de l'entre-dévorement universel ? Ainsi la charité, la justice, tous les tabous en somme, ce serait l'antinature ?... Si l'on y pense un peu, cela semble évident : à quoi bon lois, règles et commandements, à quoi bon morale ou vertu, si nous n'avions à endiguer et à vaincre ce que la puissante nature propose à notre faiblesse ?... Oui, oui, tous nos tabous, leur base est l'antinature...
  • Laissons la justice française traiter ses citoyens en pauvres d'esprit : vous n'approuvez pas, je suppose, la loi paternaliste, instaurée par leur gouvernement du temps de l'occupation allemande, qui fait diriger les débats des jurés par le président du tribunal ?

 

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Commentaires
L
Ce livre est super. L'incipit nous donne envie de lire la suite quand Douglas nous dis que la mère se trouve au .... <br /> <br /> <br /> <br /> Ha, ha, ha ! Il faut le lire pour savoir.
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