L'Avare, d'après Molière par la Compagnie Vol Plané

7 décembre 2012

L'Avare, d'après Molière par la Compagnie Vol Plané

Il est des auteurs qui assurent très largement la survie des petites troupes, et Molière en est. Plus rares sont les réécritures ; plus rares encore celles qui sont les bienvenues.

La Compagnie Vol Plané m'a ébouriffée, mais pour le meilleur.

D'abord, les acteurs qui jouent sont d'une grande générosité et ont beaucoup de talent, belle voix, pose et portée parfaites, occupation de l'espace... Ils contredisent immédiatement ce que le laisser-aller apparent des costumes hétéroclites et le choix d'une comédienne pour incarner Cléante laissait croire au "lever de rideau" (bon, pas de rideau au Théâtre de Fontblanche) : nous n'avons pas affaire à des amateurs !

Au départ, j'ai mal pris les remaniements du texte, puis, non seulement je les ai compris, mais je les approuve sans plus de réserve : le parti pris du metteur en scène a été d'essayer d'imaginer la mise en scène que Molière ferait/serait obligé de faire aujourd'hui, et il a opéré ces modifications.

Comment comprendre le rôle de Frosine à une époque où l'on n'emploie plus d'entremetteuse professionnelle ? Qui sont les entremetteuses professionnelles, alors ?... Comment faire admettre aujourd'hui que Maître Jacques puisse prendre des coups de bâton ? Et les questions financières de l'époque ? Ne vaudrait-il pas mieux les couvrir des nôtres, attendu que, de toute façon, rares sont les spectateurs qui comprendront les finesses de l'usure à laquelle se voit soumis Cléante ?

Les spectateurs, en partie sur scène, sont très largement sollicités, désignés, apostrophés dans ce texte et tout le monde jubile, tremble, se met à couvert.

J'ai bien aimé le jeu d'Harpagon (impossible de trouver sur le net le nom de l'acteur), qui affuble son personnage d'un catarrhe terrifiant dès qu'il s'agit d'argent à dépenser, on parlerait aujourd'hui de TOC, et qui montre les derniers signes d'hystérie.

Compagnie Vol Plané : cf. autres images sur le site.