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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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3 mai 2013

Article 23, de Jean-Pierre Delépine (2010)

affiche_film_Article23Jean-Yves Courtois, stratégiquement harcelé à cause de mauvais résultats dans son entreprise, finit par se suicider. Sa veuve, Cécile (impressionnante Thanh Ingle-Lai), trouve du travail pour un CDD qu'on lui présente comme consolidable à son issue, car elle donne toute satisfaction. Hélas, elle sert de bouc-émissaire officieux à des bogues informatiques et son licenciement permettra d'engager un "petit génie" de l'informatique... On demande à un cabinet de recrutement Pike & Mage de trouver la perle rare, en quinze jours seulement... or on ne trouve ce genre de perles qu'en trois mois, apprendra-t-on plus tard!


 Le harcèlement renommé management, c'est (assez) nouveau. On a cessé de croire qu'un employé heureux au travail travaillait mieux, ferait plus de concessions, d'efforts, pouvait se sentir redevable pour des raisons positives (amour du travail bien fait, gratitude envers une direction humaine : que d'heures supp' non rémunérées j'ai faites spontanément parce qu'on m'avait permis de courir une fois au chevet d'un enfant malade) et beaucoup de braves gens sont certains que les fonctionnaires seraient plus efficaces si on pouvait à tout bout de champ leur montrer la porte en braillant des horreurs.

Des braillements horribles, ce film en regorge. Des index qui montrent des portes, sans arrêt aussi. Des menaces douces, criées, susurrées, grognées, avec des plans serrés sur des regards, des mimiques buccales, et un champ lexical du suicide probablement calculé, peut-être pas, mais propice aux associations d'idées : balle, saut, trou, mort, fini...

Attention : ceux qui n'ont pas vu le film devraient ne pas lire ce qui suit.

Des gens qui devraient travailler en bonne intelligence se méfient les uns des autres, se trompent d'ennemi et de stratégie. Les plus heureux sont encore ceux qui sortent du panier de crabes et osent créer le monde dont ils rêvent ailleurs, comme la recruteuse de Pike & Mage, solaire et honnête (Alix Benezech), qui comprend qu'elle ne pourra être heureuse qu'en suivant son éthique, compatible avec l'efficacité !

Quant à Cédric Panchot (admirable Nicolas Buchoux, qui peut visiblement tout jouer !), c'est l'ordure vulnérable dans toute sa splendeur, briseur et brisé, dressé à flairer la faille et à y verser l'acide sulfurique qu'il faut pour faire exploser le candidat à l'emploi. Si encore une telle méthode donnait de beaux fruits, on comprendrait le cynisme de la société qui tolère cela, mais le film montre son manque de rigueur : on ne peut pas tirer la perle rare de 500 CV en 15 jours, donc on fait jouer les mêmes méthodes irrationnelles que M. Tout-le-Monde, les bons vieux préjugés : à bas les vieux, les jeunes, les femmes, les pas-de-chez-nous, les juifs, les syndiqués... Et on teste son aptitude à gérer le stress en l'agressant et en lui posant des questions personnelles. Ce film éclaire a posteriori la perception que j'ai eue d'un "ami" recruteur dont je comprends à présent que sa façon de sans arrêt déstabiliser ses interlocuteurs n'était pas un trait de caractère mais une déformation professionnelle... fort dommageable pour sa vie privée ! En réalité, et c'est la thèse du film, c'est tout aussi néfaste au travail, au vrai, pas celui que conçoivent des cervelles de sociopathes...

Attention : ceux qui n'ont pas vu le film doivent ABSOLUMENT ne pas lire ce qui suit.

Ce personnage est à la fois l'atout et la faille du film : on ne comprend pas bien s'il a été renvoyé (auquel cas il y a peut-être une scène montée au mauvais endroit) ou simplement rétrogradé comme le suggère le montage du film, perdant ainsi ses fonctions d'agent de premier plan, auquel cas ce qu'il dit dans sa lettre finale ne se justifie plus puisqu'il n'a plus la responsabilité de manager par la terreur. On a l'impression qu'il est un mixage de plusieurs personnages qu'on aurait peut-être dû démultiplier ou lieu de les fondre. Mais pourquoi pas, cela ne nuit pas à l'ensemble et à la démonstration du fait que l'article 23 régissant le travail en France est largement bafoué.

C'est en tout cas un film très fort, à voir absolument ! D'ailleurs, les amis Facebook auxquels j'ai transmis la bande-annonce veulent déjà le voir ! :o)

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Commentaires
D
Bonjour Donna Swann, c'est la première fois que j'entends parler de ce film. J'ai respecté tes consignes de ne pas lire ton texte quand on n'a pas vu le film et donc tu titilles mon intérêt. Bonne soirée.
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