Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais (1778)
Quelques années après avoir permis au Comte Almaviva d'épouser Rosine, après l'avoir tirée des mains de son tuteur, Figaro, redevenu son valet, peut s'estimer bien mal payé de ses soins : il apprend de sa fiancée Suzanne que leur maître a l'intention d'user d'un droit qu'il avait pourtant bien aboli dans ses domaines, le quasi-mythique droit de cuissage, et que Don Bazile tente de la persuader de s'y prêter. Le ressentiment de Figaro est immense.
Ce qui va compliquer les choses, c'est que Suzanne, de son côté, accepte, sans l'en prévenir, de se prêter à une mascarade proposée par Rosine : il va s'agir de se faire passer l'une pour l'autre et de piéger le Comte...
La plus célèbre pièce de la trilogie, sans doute, plus profonde, mordante, plus satirique, en somme, qui est porteuse du ressentiment de tous ceux que leurs talents devrait porter aux sommets et qui en sont réduits à subir les vouloirs douteux de gens bien moins talentueux. Louis XVI ne s'y est pas trompé, qui l'avait faite censurer, elle qui disait d'ailleurs : "Il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits".
Le féminisme de Beaumarchais, ironique et anecdotique du Barbier de Séville, s'y développe davantage dans la personne de Marceline, qui s'indigne de l'opprobre qu'on jette sur les femmes souillées par des amours ancillaires, dont les enfants sont également maudits socialement. Quelle actualité, si on y pense... Le thème de "mère coupable" se retrouvera dans l'opus suivant.
Relecture de 1995, 2007. Relu encore en avril 2020.
J'aime aussi : Le Mariage de Figaro, opéra de Mozart.