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3 mars 2014

Colère, de Denis Marquet (2001)

colèrePartout dans les États-Unis, puis en Amérique du Sud, et pour finir dans le reste du monde, des phénomènes catastrophiques inexplicables défiant les connaissances de la nature ont lieu : virus foudroyants mutant en permanence, séismes, ouragans, animaux, y compris domestiques, agressifs envers les humains, fruits et légumes empoisonnés...

Mary, une ethnologue partie près de Manaus où une trouée béante se fait dans la jungle amazonienne est initiée par un vieux chamane ; elle est de fait chargée d'informer le reste de l'humanité des jours de Colère. La nature se révolte contre la part d'elle-même qui l'agresse depuis toujours : l'Homme.


Un thriller écologiste dont il aurait été facile de faire un roman bien manichéen, jouant uniquement sur nos peurs et notre identification avec des héros plus malins que les autres et qui tireraient leur épingle du jeu. Sans compter le mythe du bon sauvage, ultra-présent ici, mais qui évite de justesse la maladresse de la sanctification. En réalité, le général Merritt, la vieille baderne ambitieuse, imbécile et belliqueuse, de service dans tous les films-catastrophes yankees, pourrait à la rigueur faire verser vers ce type de roman, que Colère n'est pas.

Evidemment, j'adhère, de ce fait, pleinement au propos, ignorant toutefois, par manque de culture scientifique si tous les exemples très pointus tirés des sciences de la vie et de la terre, et utilisés pour les besoins de la démonstration, sont authentiques. Je suis aussi un peu inquiète de la réputation de philosophe spiritualiste de Denis Marquet (après une lecture superficielle d'internet), mais j'ai quand même l'impression que sa lecture des choses, un peu trop merveilleuse certes, n'est guère contestable...

Le propos repose sur une série d'équivalences : la Terre est la Vie ; se couper de la Terre signifie entre en guerre contre elle, or être en guerre contre la Vie entraîne notre mort dans tous les cas de figure. On y trouve sans surprise l'approche habituellement rousseauiste qui fait du paléolithique un paradis perdu, avec nos "bons sauvages" qui n'en sont jamais vraiment sortis, justement, en anges gardiens pleins de sapience.

La seule chose qui gâcherait éventuellement mon plaisir serait le centrage nord-américain, au mieux, américain tout court, de la trame, venant d'un auteur français, ce qui semble quêter une adaptation cinématographique américaine, une vente mondialisée... Comment le blâmer ? Nos best-sellers français, Marc Lévy et Guillaume Musso, ont utilisé avec le succès qu'on sait cette méthode et on ne peut pas trop en vouloir à qui espère la même fortune d'utiliser les mêmes recettes.

Citations :

  • Du côté de mon père, je suis un bon Américain  blanc, anglo-saxon, protestant - et assassin. Et du côté de ma mère, je ne suis rien. Elle n'a rien eu le droit de me transmettre. Il fallait que soit gommé tout ce qui pouvait rappeler son origine. Pourquoi s'est-elle pliée à ce jeu de mort ? Parce qu'elle aimait mon père ? Je ne crois pas qu'elle l'aimait. Comment aimer mon père? C'était un homme qui ne savait pas respirer, qui ne savait pas fouler la terre ni regarder la nuit. Il avait une idée du monde et de la vie, et ne savait que haïr ce qui ne ressemblait pas à son idée. Le monde et la vie n'ont jamais ressemblé à son idée.
  • Le fondement du système mondial était simple. Steven avait une théorie là-dessus. Il y avait deux catégories de gens : les ES et les EN. Les ES, c'étaient les Économiquement Significatifs. Ceux qui disposaient d'un minimum de monnaie, suffisamment pour jouer un rôle sur le plan économique. Les EN, c'étaient les Économiquement Nuls. Ceux qui n'avaient pas de poids direct sur le système. Pour que l'éoncomie fonctionne, une seule chose était requise : que les ES soient bien dans leur peau. parce que, quand ils étaient bien dans leur peau, soit ils consommaient, soit ils investissaient. Consommation, investissement. Les deux piliers du temple.... Or, pour que les ES soient bien dans leur peau, ça n'étai pas très compliqué. Il fallait juste qu'ils se sentent un minimum en sécurité, et qu'ils aient de quoi oublier leurs petits soucis et leurs angoisses existentielles. C'était le boulot des politiciens. Veiller à ce que les ES soient bien dans leur peau. Pour ça, il fallait faire en sorte que les EN ne soient pas en position de donner du tracas aux ES. Qu'ils ne soient pas tenté de voler, de ruer ou de poser des bombes. Jusqu'à alors, le système fonctionnait à peu près. On ne pouvait pas dire que le gouvernement faisait tout ce qu'il pouvait pour garantir la tranquillité des ES, mais, au bout du compte, ceux-ci apprenaient à se débrouiller seuls. Ils vivaient à l'écart des EN, confiaient leur sécurité à des sociétés privées. Et leur monnaie à Steven Lordal....
  • Songez, messieurs, continuait-il, songez... les cellules de notre rétine descendent d'une algue rouge monocellulaire que l'on trouve encore dans les mers du Sud... Les cellules de notre gorge et nos spermatozoïdes sont cousins d'un groupe de microbes bien connu... Les cellules de notre cerveau proviennent d'une bactérie de la famille des spirochètes... Et allons plus loin ! Le protoplasme de nos cellules a la composition même des tout premiers océans... Quant à leur environnement chimique, riche en carbone et en hydrogène, il n'est autre que celui de la Terre à l'origine de la vie ! Messieurs... nous sommes le livre d'histoire de la Terre. Et cette histoire est une histoire d'alliances, de coopération... d'union intelligente entre les formes vivantes.
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