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3 mars 2014

Pourquoi philosopher en cuisinant ? Méditations autour de dix recettes de Lionel Lévy, de Marc Rosmini (2008)

philosopher-en-cuisinantDans la Collection "Pourquoi ?" dirigée par Vladimir Biaggi qui m'avait convaincue à l'époque de lire ce livre, mais pas de le faire assez vite, ce que je déplore, Marc Rosmini va s'associer à Lionel Lévy, chef cuisinier à Marseille, pour créer des recettes qui soient en même temps des invitations à une réflexion philosophique.

Extrait de la 4ème de couverture : "L’anthropophagie est-elle immorale ? Faut-il revendiquer le droit de jouer avec la nourriture ? Jusqu’où s’étend le concept de Bouillabaisse ? Le poivron est-il un fruit ? Peut-on s’engager politiquement sans quitter ses fourneaux ? Tous les plaisirs sont-ils bons à prendre ? La simple lecture d’une recette peut-elle être blasphématoire ? La cuisine est-elle un art ou un artisanat ? Peut-on manger “naturel” ? Le miel est-il magique ? Qu’est-ce qu’être épicurien ?"

Quel programme alléchant en soi !

Et si on ajoute la liste des recettes, vous allez comprendre... Velouté de châtaignes aux langues d'oursin, Milk-shake à la bouillabaisse, petit salé virtuel, snickers de Saint-Jacques, Tajine de joue de porc, palombe au Colonnata et amandes, patte de chien à la menthe, tatin de poivron rouge et caramel de carottes, cigares au miel de citronnier et safran, variations autour du pomelos...

J'ai été passionnée par absolument toutes les recettes et toutes les réflexions qui en découlaient. Marc Rosmini a posé des questions variées, sur nos tabous, nos habitudes, nos snobismes, nos mythologies et taxinomies, questions qu'il a traitées de manière tout à fait prenante et exigeante, sans céder à la tentation du bavardage. Bravo !

Citations :

  • Si un individu pense que sa façon de cuisiner, ou plutôt de choisir et d'acheter des aliments, peut avoir un impact sur l'avenir collectif, c'est qu'il fait l'hypothèse que les autres consommateurs vont agir de la même manière, on peut qualifier de kantienne cette attitude, en référence à l'impératif catégorique du philosophe allemand : "Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature". Autrement dit, chacune de nos décisions doit être soumise au "test" de l'universalisation. Selon Kant, il faut s'interdire toute action qui conduirait à une contradiction si le principe qui l'inspire devient la norme commune. (...) Le mangeur slowfoodien peut-il alors se définir comme un "citoyen du monde" ?
  • Devant tous ces exemples, une conclusion s'imposait selon [Mary Douglas] : les interdits alimentaires des religions ne peuvent être expliqués par des motifs sanitaires. Ils relèvent bien de la culture, et non de la nature. Dans ce cas, comment expliquer la tendance, si répandue, à vouloir rationaliser les interdits religieux ? Ne s'agit-il pas d'éviter le sentiment d'arbitraire, voire d'absurdité, que peuvent inspirer ces règles ?
  • Autre hypothèse : le rapport que nous entretenons avec la viande ne révèle-t-il pas la façon dont nous vivons notre propre animalité ?
  • L'Homme demande aux choses : "Que signifiez-vous?" Mais les choses restent muettes. Alors il faut bien conférer un sens à ce monde insensé : il y aura les objets maléfiques et les bénéfiques, ceux qui sont adorés et ceux qui sont interdits, ceux qu'on peut voire qu'on doit , manger, et ceux qui ne devront pas l'être. Ainsi avons-nous pu constater les usages divers que les hommes peuvent faire des fèves, du porc, du chien, du miel ou de la viande humaine.

 

 

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