La Conjuration des ignorants

Je fais rarement des chroniques sur ce blog, mais parfois, j'ai des choses à dire que je tiens même à confier à des inconnus.

Cette semaine a été tout bonnement glaçante et je l'ai passée, malade dans tous les sens du terme, devant mon écran à scruter les effets de la barbarie.

Puis j'ai eu des nouvelles du travail.
Des copines profs m'ont raconté les face-à-face ahurissants que l'institution avaient ménagés pour elles et leurs ouailles en guise de mission.
Des gamins prennent pour des vérités ce que des gens plus ou moins bien intentionnés leur ont instillé sur les fameuses caricatures. Cela tient du délire paranoïaque plus que du fait : "Madame, ils disent que le Coran, c'est de la m*".

Et pourtant, une simple recherche en ligne les aurait déniaisés ; cette génération qui ne sait pas décrocher de son cloud, de son wi-fi, de son réseau (au point que c'est là que des conseillers d'orientation barbus les harponnent pour aller se faire flinguer en Syrie) n'est pas fichue d'aller vérifier une information qui les choque, ne serait-ce que pour l'approfondir, s'ils y croient a priori. Ils ne savaient pas et répétaient, comme des perroquets, absolument n'importe quoi, comme des vérités, comme des jugements.

Je me suis alors demandé si les tueurs avaient vu eux-mêmes les caricatures, les vraies.

Si oui, avaient-ils les moyens intellectuels de les comprendre (la satire, c'est quand même subtil) ?

Qui leur en a parlé ?

Ont-ils pris la peine de rechercher qui étaient les caricaturistes tant honnis ? Ecouté ce qu'ils disaient, ce qu'ils aimaient, ce qu'ils voulaient ? Regardé le documentaire "C'est dur d'être aimé par des cons" ?...

J'en doute, j'en doute.

Et si, effectivement, ces deux, ces trois hommes ont abattu des humanistes (sans compter des hommes et femme à leur travail, des chalands dans leur hypermarché..), légèrement, sans être véritablement au fait de ce qui leur valait une condamnation à mort (je ne parle même pas d'une réflexion sur le bien-fondé de la mort comme châtiment), la cause de la mort, c'est l'ignorance.

Auto-entretenue, complaisante, partiale, elle ne fait plus de vous une victime mais un coupable sans excuse.

Analyse de Boris Cyrulnik : comment a-t-on créé ces terroristes ?

Billet de Marie, professeur en Seine-Saint-Denis, qui a eu une toute autre expérience avec ses élèves, apporte un éclairage nuancé et porteur d'espoir.

Comments

[pennylane22]

<3

[pennylane22]

Oui ! L'ignorance est la mère de bien des maux de notre monde. Ils ont voulu des têtes faciles à manipuler... Ils les ont... Comme toujours tu as les mots justes...