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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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29 septembre 2021

Sialimar, d'Emad Jarar (2021)

Sialimar_8260Un grand merci à l'auteur de m'avoir permis de découvrir son roman, en me le faisant parvenir, par Babelio !

Mais cette gentillesse m'embarrasse d'autant plus que je n'ai pas aimé sans réserve son récit...

Celui-ci se présente sous la forme d'un personnage principal, Mohajer, qui prendra le plus souvent en charge la narration, mais il ne sera pas le seul, ce qui rendra le récit plus riche. Il se présente comme un homme athée, apostat de l'islam (qu'il persiste à appeler, pour des raisons idéologiques sur lesquelles je ferai quelques hypothèses, l'islamisme), marié à une Romagnienne (la Romagnie étant un pays imaginaire ou du futur, jumeau de la France, de même que Sialimar a de sacrés airs marseillais) et père de deux enfants qui n'ont reçu de sa propre culture que des prénoms musulmans. Il est en rupture familiale depuis des années et vit tout cela très bien jusqu'au jour où il apprend que sa petite cousine Amal, qu'il aimait beaucoup, a été assassinée, peu de temps après qu'il l'a vue, sans la reconnaître, en la blâmant, aux informations.

La coïncidence et l'injustice de la mort de cette toute jeune fille le touchent, le chagrin de sa famille et ses confidences le bouleversent au point qu'il oublie ses préventions et propose son aide à la cause islamiste en Romagnie...


 C'est à peu près là que je commence à trouver le récit peu convaincant, bien que le malaise ait commencé bien avant, en lisant les considérations - très intéressantes, tout d'abord - théologico-économico-politiques, sur l'islam. Il est évident que si l'on veut distinguer l'islam comme la foi musulmane de l'islamisme, qui serait sa version politique, et qu'on s'avise que le contenu du Coran est aussi politique et pas uniquement une voie spirituelle, il est tentant, comme le fait Mohajer, de ne plus distinguer les deux... ce qui conduit à dire qu'on ne peut pas considérer l'islam comme une religion comme les autres (comme si les autres religions du Livre n'avaient pas, elles aussi, des prétentions politiques !)
Les thèses de Mohajer sont extrêmement réactionnaires et complotistes, et en lisant le personnage principal édifier avec un brin d'arrogance et beaucoup de condescendance Brahim, son chauffeur, dont le degré d'ignorance est souligné complaisamment par des fautes et des mots d'enfant, l'on a bien moins l'impression de lire les propos d'un apostat de l'islam, que les dégueulis d'un admirateur du bonapartisme qui a récemment quitté CNews pour courir l'aventure du suffrage national, chiffres biaisés, extrapolés, inclus. Cela pourrait être éventuellement un trait du personnage mais le manque de distance, de modalisation du récit, que doit prendre en charge l'auteur, trouble : il ne fait rien pour se distancier de son personnage, ce qui rend le revirement de ce dernier encore plus opaque et invraisemblable... sauf à supposer que ce qu'essaie de nous dire l'auteur, à travers Mohajer mais aussi Safia, sacrée faux-nez des islamistes, c'est qu'aucun apostat de l'islam(isme) ne peut l'être durablement ou sincèrement et qu'il y a un danger intrinsèque à l'islam, qui recèle un projet politique totalitaire ainsi que le fameux "grand remplacement"...
Il renvoie toutefois (peut-être involontairement et ça n'en a pas moins renforcé mon malaise) aussi bien Brahim que les hommes de main débiles du RLN, révélant un regard méprisant des chefs sur les gens du peuple qu'ils utilisent. Là encore, le positionnement de l'auteur reste indéfinissable, pas de distanciation peut accréditer que c'est sa propre thèse qu'il illustre là.

Pour finir sur ce que j'ai aimé, ce sont les moments parfois haletants, dans la deuxième partie, des aventures de Mohajer et de Tony, de Safia... Mais j'ai aimé par-dessus tout les quelques temps de descriptions, notamment des portraits, qui révèlent un vrai talent d'évocation et de restitution du réel...

Citations :

  • Où diable pouvais-je me trouver dans ce fourbi religieux, s'il fallait vraiment me mettre quelque part, moi qui ne me sens bien nulle part ? A la vérité, j'estime que je me situe dans une catégorie singulière, tout à fait minoritaire malheureusement et à laquelle l'islam promet le châtiment le plus vil, le plus morbide, je veux citer, celle des blasphémateurs.
  • Mais je m'étais souvent interrogé : si Allah ne pouvait être miséricordieux qu'avec les musulmans, pourquoi fallait-il que ce fût au détriment des chrétiens et des juifs ? Ne pouvait-Il être indulgent avec nous, tout en s'épargnant la rancoeur d'envoyer les autres en enfer (note : Sourate XLVII, verset 13 : "Que celui qui ne croit pas en Allah et en son Prophète, sache que nous avons préparé le feu de l'enfer pour les infidèles"). Plus simplement, s'il fallait empêcher de mettre à feu et à sang les passions, ne pouvait-Il foutre la paix aux gens pour mieux s'occuper de Ses musulmans ?"
  • Tels de ces financiers, des pareils à moi, au ton parfait, portant chic, des êtres qui ont sur toute chose le tempérament du donneur de leçons, mais qui ne s'occupent que d'eux-mêmes, consommant leur temps à rechercher les honneurs plutôt qu'en être dignes.
  • Et pourtant les parents prennent toujours des décisions pour eux-mêmes que les enfants doivent prendre sur eux leur vie durant.
  • Je les tiens par le croc de leur vice, se répétait-elle souvent (...) [L]a passion, elle la juge un vulgaire outil qui ne suffit point pour panser ses plaies intérieures, qu'elle a enfouies au fond d'elle-même.
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