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29 mai 2016

La Plus-que-Vive, de Christian Bobin (1996)

plusqueviveRelecture (plusieurs relectures depuis 1996).

Christian Bobin a perdu sa compagne (?), Ghislaine, le 12 août 1995 d'une "pluie d'étoiles rouges", une rupture d'anévrisme. Elle laisse trois enfants, des quantités de personnes pour qui elle comptait, ses élèves, ses collègues, ses passions et un homme qui avait appris à bénir la vie depuis qu'il la connaissait et qui avait été tellement changé par cette amoureuse de la vie, cette passionnée, qu'il la bénit encore après son départ de cette vie. En réalité, Ghislaine est tellement vivante qu'il est impossible de l'aimer à l'imparfait.


 Dans une belle prose poétique, l'auteur témoigne, à la manière d'un troubadour, de son amour, de la révolution qu'opéra et qu'opère encore Ghislaine dans sa vie.

Citations :

  • L'événement de ta mort a tout pulvérisé en moi.
    Tout sauf le coeur.
    Le coeur que tu m'as fait et que tu continues de me faire, de pétrir avec tes mains de disparue, d'apaiser avec ta voix de disparue, d'éclairer avec ton rire de disparue.
    Je t'aime : je ne sais plus écrire, je ne vois plus que cette seule phrase à écrire, c'est toi qui m'as appris à l'écrire, c'est toi qui m'as appris à la prononcer comme il faut, avec une énorme lenteur, en détachant chaque mot, avec une lenteur de plusieurs siècles, avec cette lenteur adorable qui était la tienne lorsque tu devais te livrer à des choses pratiques, faire une valiser, ranger une maison, tu es la femme la plus lente que j'aie jamais connue, la plus lente et la plus rapide, quarante-quatre ans de ta vie sont passés comme un éclair très lent d'un seul coup avalé par le noir.
  • Tu meurs à quarante-quatre ans, c'est jeune. Aurais-tu vécu mille ans, j'aurais dit la même chose : tu avais la jeunesse en toi, pour toi. Ce que j'appelle jeune, c'est vie, vie absolue, vie confondue de désespoir, d'amour et de gaieté. Désespoir, amour, gaieté. Qui a ces trois roses enfoncées dans le cœur a la jeunesse pour lui, en lui, avec lui. je t'ai toujours perçue avec ces trois roses, cachées, oh si peu, dessous ta vraie douceur.
  • Belle, oui, belle de cette beauté que donne à un visage de femme le grand air de la liberté, belle, gaie, douce, attentive, distraite, insouciante, fatiguée, légère, insupportable, adorable, désordonnée, riante, désespérée, chantante, songeuse, désordonnée encore et lente, très lente et libre et belle comme la vie : il me reste à faire entrer dans cette beauté vivante la lumière noire de ta mort comme un détail en plus, un comble de désordre et de grâce, oui, de grâce.
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