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28 septembre 2018

L'Homme surnuméraire, de Patrice Jean (2017)

ho-surnumSerge était de trop de la vie de sa petite amie, il l'est resté quand elle est devenue sa femme... mais il ne s'attendait pas à le devenir dans celle de ses grands ados. Et le mépris est devenu trop visible pour qu'il en rie plus longtemps. D'autant que sa femme, influencée par toutes ses amies soit divorcées soit aigries (quand elles ne sont pas les mêmes), par des modèles de couples qui lui paraissent plus enviables, par une subite prétention aux luttes mondiales et humanitaires, finit par le tromper et lui annoncer son intention de divorcer...

Ce récit est L'Homme surnuméraire, de Patrice Horlaville, un ami d'Elise, la compagne de Clément, intellectuel au chômage. On lui trouve un travail dans une maison d'édition qui va le mettre en contact avec l'auteur : on veut rééditer ce roman qui choque trop le goût du jour, et Clément doit le convaincre. C'est l'occasion de se questionner sur le sens du récit...


 J'avais commencé à écrire, il y a une vingtaine d'années, un début de roman qui ressemblait un peu à celui-là, mais mon héros se rebiffait (sans avoir gain de cause, toutefois). Ici, c'est la pompe aspirante vers les enfers pour Serge !... puis pour Clément...

Il y a des jeux avec les différents récits du livre, jeux d'emboîtements, parallélismes, réflexion sur son écrit en tant qu'objet, qui m'entraîneraient plutôt à penser à Houellebecq (avec moins de cynisme). On imagine la jubilation de l'auteur à voir son récit démoli par un professeur d'université qui enchaîne les contresens autant qu'on jubile de voir Claire massacrée par la romancière à succès Léa Lilly, dans un récit stylistiquement différent, dans la veine souvent imbuvable des feelgood books... On devine qui est Léa Lilly, d'ailleurs Patrice Jean finit par lâcher le nom de sa cible et on voit qu'on ne s'est pas trompé.

Il y a une satire des milieux de l'édition tout à fait réjouissante, avec un léger dispositif S-F qui rappelle le Houellebecq de Soumission. Le roman est misogyne et heureux de l'être, pour fustiger la misandrie prégnante des intellectuels. Pour autant, les hommes ne sont vraiment pas en plus glorieuse posture dans les différentes péripéties. Les passages de critique littéraire du roman permettent de mettre en lumière le personnage de Chantal... sur lequel, je l'avoue, j'ai versé ma petite larme. Elle la mérite.

Citations :

  • A l'adolescence, toute séparation prend un tour dramatique car, par inexpérience, on croit qu'on souffrira longtemps de la soudaine absence de celui ou de celle avec qui l'on vient de vivre des "heures inoubliables" ; plus avancé en âge, on sait qu'on s'en remet très vite ; alors, à moins de cultiver un goût pour la comédie, on affiche des regrets moins lugubres et plus souriants, plutôt que le masque de la tragédie.
  • Le travail de sape de Corvec avait écorné l'image idyllique qu'elle entretenait de notre couple : nous n'étions plus de jeunes gens romantiques et anticonformistes se moquant de la réussite professionnelle, nous étions devenus un couple disparate, composé d'une jeune femme gênée dans sa vie matérielle par la présence d'un boulet.
  • "L'impermanence, Clément... Combien ai-je vécu de ruptures ? Je sais ce qu'il en est de la détresse amoureuse. Je comprends la vôtre. Pourquoi souffrons-nous de la fragilité des choses, alors que la fragilité est la Loi du monde ? J'ai le sentiment que nous ne sommes pas faits pour la vie, que l'homme n'est pas à sa place sur ce globe terrestre, que rien n'est à sa place..."
  • - Ce n'est pas si mal écrit, non ?
    - Peut-être, mais qu'est-ce que c'est con !
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