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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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27 octobre 2018

Ça va mieux, ton père ? de Mara Goyet (2018)

9782234082410-001-TUn achat un peu compulsif, à la suite à la fois du décès du compagnon d'une amie et de l'écoute sur les ondes radio de Mara Goyet. L'arrière-pensée était de prêter, de donner le livre à cette amie, mais je voulais le lire avant. D'où ce billet.


Mara Goyet est déjà auteur, elle n'écrit pas sous l'inspiration de son actualité, son père est auteur, artiste et technicien du cinéma, Jean-François Goyet, et c'est un "jeune" Alzheimer. Avoir été élevée par un père qui aime les langues anciennes, qui se passionne pour des domaines aussi nombreux qu'originaux, qui s'est lancé dans des projets artistiques d'envergure, ça crée des attentes chez l'adulte, la mère qui fait des petits-enfants... Et voilà qu'après sa grand-mère, son père développe cette terrible maladie... En creux, son futur, peut-être ? Être absent à soi-même, aux autres, à tout ce qui importait, cesser de lire, de s'inscrire dans une trame commune pour ne plus s'inscrire que dans un présent dont on ne cerne même pas la réalité par les sens... Est-ce un idéal (inaudible pour les proches et les aidants) ou un cauchemar ?

Sous forme de billets intitulés, Mara Goyet explore différents aspects de la vie avec son père mais aussi de ses propres souvenirs.

Citations :

  • Mon fils, lui, ne veut plus y aller. C'est entendu. (...) Un jour je découvre, au détour d'une phrase, qu'il croit, comme moi, que je vais avoir la maladie. Ce n'est pas une appréhension, c'est une certitude. Cette idée, c'est moi qui l'ai installée. Me croyant légère et distancée, j'ai fait mille plaisanteries à ce sujet, pour les préparer. Quand ce sera mon tour... Pensant me sauver, m'immuniser, considérant que blaguer, c'était conjurer, j'ai créé une chape d'angoisse. (...) Tout en étant convaincue de les protéger, de les épargner.
  • Ma fille arrive avec le Budé de Catulle. Il y a deux vers obscènes qui la font hurler de rire. Elle vient me voir avec enthousiasme et complicité. C'est, à travers moi, à mon père qu'elle s'adresse.
    Mon fils sait qu'il devra, après le latin, faire du grec en troisième. C'est à moi qu'il le dit, c'est à mon père qu'il obéit.(...)
    Ma fille entre en Khâgne. Elle est désormais dans la même classe que ses grands-parents qui ne l'ont jamais tout à fait quittée : khâgneux un jour, khâgneux toujours.
    Mon beau-fils cherche sans cesse l'étymologie des mots dans le Robert historique de la langue française. Il le pose sur la table où nous dînons. Ainsi mon père le faisait-il autrefois.
    Ma fille cite tout le temps La Bête dans la jungle. Mon père n'a pas eu besoin de lui dire de lire Henry James, elle l'a su d'instinct. Avec mon aide.
  • (...) [A] des élèves qui se lançaient des insultes racistes, soi-disant pour rigoler, j'avais expliqué que mon père, à propos de ce type d'humour (...) disait toujours : "Quand on pète, même pour rire, ça pue quand même."
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