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30 avril 2019

Ubu Roi par la Compagnie Du jour au lendemain

csm_UBUcie_light_6869fbfe69Salle Guy Obino, mardi 30 avril 2019.

Ubu roi est une pièce d'Alfred Jarry, dont je découvre que je n'ai pas fait de note de lecture alors qu'il m'est arrivé de la relire, ces quinze dernières années... Je vais essayer d'en faire une a posteriori...

Agnès Régolo a choisi de resituer vraiment la pièce en Pologne, chose qui ne se sent qu'au niveau des noms propres dans le texte, et encore... Costumes, accents, mots (en polonais ? en yaourt slave ? là s'arrêtent mes compétences linguistiques). Pour moi, qui ne suis pas fan de la pièce de Jarry, qui ai assez largement détesté toutes les représentations que j'en ai vues, c'est une excellente idée. De même un ancrage, sous bruits de bombardements, à la Première Guerre mondiale (moins à la Seconde).

Bien que les acteurs sur scène soient assez nombreux (les palotins sont là, au complet, avec l'assistance de musiciens, un batteur, un guitariste, violoncelliste), la mise en scène va exclure la plupart des scènes de foule et couper à cause de cela parfois les scènes les plus emblématiques et chargées en comique comme l'envoi à la trappe des nobles.

Avec beaucoup de courage dans la divergence et l'affranchissement des souhaits les plus clairs de Jarry, le choix de deux acteurs minces pour incarner le Père et la Mère Ubu, se révèle intéressant à plusieurs égards : il les sexualise ce qui permet de créer une autre connivence que celle de l'ambition entre eux et ouvre l'adultère de la Mère Ubu à d'autres raisons. La quasi-nudité du père Ubu à la première scène évolue à mesure qu'il gagne en puissance et en richesse, il gagne un pantalon, un haut, un manteau, un autre très long en fourrure et bonnet fourré à la fin...

Une mention au personnage de Bougrelas, perçu comme un petit adolescent falot, ici plus ingrat et tourmenté encore, doté de goûts personnels, qui est une réussite.

Pour les décors, ils étaient à la fois ingénieux de sobriété et réellement élaborés. Une sorte de chemin montant traverse toute la scène, symbolisant sans doute l'élévation du père Ubu au cours de la pièce (avec un à-pic visible sur la gauche), mais qui ne sera pas bien souvent exploitée dans ce sens ; en tout cas, à la fin, au lieu de finir à gauche, ce qui signifierait une déchéance définitive, la mise en scène met le bateau d'Ubu et de son entourage à droite, ce qui semble dire que les prochaines aventures proposeront peut-être un retour de fortune pour le roi de Pologne déchu ! Ce "chemin montant" a servi de table, de lit au cours de la pièce également.

J'ai particulièrement aimé le mot "merdre" écrit en capitales au-dessus de la scène en caractères découpés laissant entrevoir ciel étoilé, bombardements, flots marins d'une façon réellement évocatrice ; quand à la musique, tour à tour fond sonore tragique, violent ou vecteur de rire, elle a été d'une si grande importance dans le jeu que la présence des musiciens sur scène, non pas dans un coin mais à un lieu charnière des passages (débouché vers l'avant ou l'arrière de la scène, juste avant le chemin montant) se justifiait.

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