Le Roi n'avait pas ri, de Guillaume Meurice (2021)

Guillaume Meurice romance la biographie du fou des rois Louis XII et François Ier, Triboulet. On suit l'ascension puis la chute d'un être de petite taille et difforme qui eut la chance de croiser, au milieu de nombreuses personnes cruelles, dans toute l'échelle sociale, quelques alliés, qui allèrent au-delà des apparences. C'est par l'instruction prodiguée par Le Vernoy, à la demande de Louis XII, qui fit de Triboulet autre chose qu'un homme au sens de la répartie, mais aussi un érasmien, au recul sur la fonction et sur celle des puissants.

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Que ce soit Guillaume Meurice qui ait écrit ces réflexions rend le propos d'autant plus intéressant puisqu'on imagine que les craintes et prétentions de Triboulet sont aussi les siennes. Il officie à France Inter, un des derniers lieux où l'on peut brocarder le pouvoir, après la disparition de toutes les émissions satiriques et autres bouffonneries, de l'audio-visuel français, mais où ce dernier peut vous faire payer chèrement vos propos (éviction de Charline Vahoenacker de la Matinale, le renvoi de Stéphane Guillon après le portrait - parfaitement exact et prémonitoire - qu'il fit de DSK)...

A titre historique, j'ai appris beaucoup de choses sur la cour du début du XVIème siècle (celle de Jean Marot et non pas de Clément), sur le destin de reines qui m'étaient complètement inconnues et la façon dont Meurice dépeint François Ier, en soudard carrément pas à la hauteur de son destin et porté à bouts de bras par maman, m'a stupéfiée. Je compte bien ne pas en rester là et essayer de voir jusqu'à quel point ce portrait est romancé.

Prix des lecteurs - sélection 2022

Citations :

• - Ton monde s'est arrêté. Parce qu'il ne tient sur rien. Des fariboles, des facéties, du vent. Voilà ce que tu es. Un vendeur de vent.
  - C'est vrai. C'est ma fierté. Faire rire.
  - Seulement les puissants, qui te nourrissent, qui te gâtent. (...) Tu es libre de partir. Quitter cette mascarade.
  - Pour retourner dans la rue ?
  - Pour retourner dans toi-même.
  - Ça n'a aucun sens. On dirait du Marot.
• - Le Vernoy, mon cher maître, quel sens peut bien avoir tout ça ? Avoir l'oreille des rois ? Pouvoir leur hurler la vérité, leur barbouiller leur nez de leurs contradictions, leur hypocrisie, leur arrogance... Dans quel but ? Pour quel résultat ? Il est curieux comme le rire fait peur. Comme il est puissant. Et libérateur. Mais il n'est qu'un éclat éphémère, frivole. Et vain. (...) Et si ma liberté cautionnait le pouvoir ? Si elle ne servait qu'à le rendre supportable ? Comme si le désordre renforçait l'ordre ?