Avatar 2 : la voie de l'eau, de James Cameron (2022)
Me voici donc, aimantée par les souvenirs du plaisir des images et de l'imagination futuriste d'Avatar 1, décidée à faire une infidélité à mon cinéma estampillé Arts & Essais de quartier pour une grande salle qui me fera chausser à nouveau des lunettes 3D et peut-être entrer dans une salle "Ice"... Bon, très mal habituée par mon cinéma de quartier, arriver seulement trente minutes avant le film m'a condamnée à me passer de la salle "Ice" et à attendre une heure le retour d'une séance en 3D où il resterait des places. Méditant tristement sur le combat David contre Goliath des salles exigeantes, et sur le roman de Nathalie Azoulai, je parvins enfin à la salle 3D convoitée.
Une fois à l'intérieur, je me maudis d'avoir accepté une séance si tard : 3H15 ! Quand je pense qu'il m'arrive de m'agiter au bout de 30 minutes, comment allais-je tenir ? Pas de suspense : à ma grande surprise, d'autant que je n'ai pas tout aimé sans réserve, mon attention est restée capturée tout ce temps et sans la moindre impatience... au contraire, j'ai essayé de profiter des images jusqu'au bout du générique.
L'agacement est arrivé assez vite au début : dès le premier quart d'heure, en effet, donc je n'ai pas le sentiment de spoiler, le "méchant" (Stephen Lang) revient d'outre-mort (vous verrez comment) pour se venger du traître Jake Sully (Sam Worthington) qui a trahi l'armée et sa race, et accessoirement pour redonner une chance à une colonisation plus invasive de Pandora ; s'il peut aussi se venger de Neytiri (Zoe Saldana qui me fait irrésistiblement penser à Marion Cotillard), ce sera encore mieux. Zut, pensais-je, ils ne vont pas nous refaire "le même truc" ? Si.
Heureusement, une grande partie du film se concentre sur le nouveau monde, marin, en mode maori, tahitien, lacustre, et définitivement paléo contre néolithique, qui accueille la famille Sully qui craint de mettre en danger le peuple de la forêt en restant chez lui. La famille est en effet augmentée de trois enfants "métis", d'une enfant adoptée, Kiri (Sigourney Weaver, version adolescente), née dans des circonstances étranges du Dr Grace Augustine (même actrice), plongée dans un profond sommeil, et du fils du méchant, Spider, définitivement conquis par les Na'vis.
Là encore, James Cameron touche à nos rêves de dépassement corporel et racial, à nos idéaux d'harmonie avec l'environnement (dans l'ensemble, poissons et végétaux marins sont en symbiose avec les humanoïdes), amitié inter-espèces, et exalte la beauté de la nature, régie par une sorte de religion chamanique-panthéiste qui ne mange pas de pain... sans déprécier l'intérêt d'un bon fusil d'assaut, ni d'une bonne famille patriarcale où tous les rôles sont bien alignés, ce qui permet de ratisser large. Pardon pour l'irruption de mon cynisme, là où j'aurais voulu faire part d'un éblouissement pur, mais il faut également tout voir.
Sur la beauté des fonds marins, le plaisir d'en jouir en 3D, malgré des images trop rapides qui empêchent souvent d'entrer en contemplation hypnotique (ce que j'aurais vraiment aimé), était énorme ; on a vraiment la sensation d'évoluer dans l'eau et il paraît que Cameron a réellement fait tourner ces scènes dans l'eau pour les rendre physiquement conformes. Je pense qu'il faut vraiment aller voir ce film, malgré tous les bémols que j'y ai mis, car il tient les promesses esthétiques, sensuelles et écolo-compatibles qu'on y attend ; on y vit un monde disparu et dont on garde, le plus souvent, une nostalgie profonde, d'ordre mythologique.