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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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24 octobre 2010

La Langue maternelle, de Vassilis Alexakis (1995)

la_langue_maternelleLe narrateur, un Grec expatrié, dessinateur satirique, revient dans son pays d'origine, quelques temps après le décès de sa mère, pour trouver l'énigme du epsilon (équivalent du e ou du é) inscrit au fronton du temple d'Apollon à Delphes. Il trouve le pays ulcéré par des conflits nationalistes, avec la Macédoine de Skopje, qui se veut indépendante de la Grèce mais se réclame de Philippe et d'Alexandre ; les problèmes récurrents avec la Turquie... Il profitera de sa présence pour voyager, aller notamment en Épire, où son frère Costas a un chagrin d'amour, à Athènes où se trouvent son père, Théodoris et l'École Française d'Athènes, où il doit rechercher des documents utiles. Il se rendra aussi à Delphes, à Épidaure...
Mais le voyage le plus important se fait en lui-même, à la recherche de cette mystérieuse lettre epsilon, à la recherche des hypothèses les plus anciennes, les plus personnelles, au risque de la déception.


EpsilonVoilà un livre que j'ai mis beaucoup de temps à lire, non par manque d'intérêt mais par manque de temps. Or il est rare qu'en lisant par petits bouts un roman j'en tire autant de plaisir. Certes, les thèmes de la langue, de la langue grecque, de la Grèce et de l'Antiquité grecque étaient un plus dès le départ ! Et c'est fou tout ce que j'ai appris, et que j'ignorais, sur le grec moderne et sur la façon dont les Grecs considèrent leur passé. En réalité, il est écrasant. Et beaucoup d'entre eux ne parviennent à l'assumer qu'en prétendant qu'il y a une parfaite continuité entre la langue ancienne et la langue moderne (prétention démentie par le narrateur, qui affirme ne strictement rien comprendre aux textes anciens, en dehors de quelques mots), entre le christianisme et la philosophie antique, au prix de grands écarts impressionnants. Alexakis donne plusieurs fois l'exemple du théâtre, disant qu'on dirait, à regarder les programmes des théâtres nationaux, qu'il n'y a plus eu de dramaturges en Grèce depuis Sophocle ! En regardant la photo d'archives (celle qui a été choisie pour la première de couverture) datant de 1894, de la découverte d'Antinoüs, l'auteur se rend compte qu'il est plus ému par les visages des ouvriers anonymes qui contribuèrent à la découverte que par la vue de ce mignon impérial joufflu.
Mais c'est à un voyage initiatique que l'emmène la lettre epsilon, au cœur de sa propre langue, à la rencontre de son hellénisme et de sa place dans sa famille et dans sa nation.

Citations :

  • Le texte que j'ai écrit n'est qu'un exercice sur ma langue maternelle... C'est une conversation avec la langue... Je poursuis avec elle les discussions que j'avais avec ma mère... Nous sommes les enfants d'une langue... C'est cette identité que je revendique... J'écris pour convaincre les mots de m'adopter.

  • On ne franchit pas sans peine tant de siècles. Je ne suis pas trop déçu de ne pas avoir réussi à déchiffrer le secret de la lettre antique : son silence m'a appris que le temps provoque des fractures définitives. L'epsilon a revêtu tant de déguisements au cours de cette période que j'ai l'impression d'avoir rendu le problème entre plus compliqué qu'il ne l'était au départ. Je me console en pensant que le but de l'écriture n'est peut-être pas d'éclaircir, mais de multiplier les mystères.

  • Je croyais que la mort de ma mère m'éloignerait de la Grèce. Elle m'en a rapproché, au contraire. J'espère peut-être que le pays me rendra un peu de la présence de ma mère et que la langue grecque me consolera de son silence.

  • Ekchristianisménos eidololatris éviassen épamphotérizonta épiscopon eis ecclissaki érimikon : idolâtre converti au christianisme viola un évêque équivoque dans une chapelle isolée.

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