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19 décembre 2011

Le Coup de grâce, de Marguerite YOURCENAR (1939)

alexisCe roman court rapporte un imbroglio psychologique sur fond de guerre russe entre les officiers blancs et les bolcheviks. Le héros, Eric von Lhomond, est amoureux (fut amoureux ? on n'a pas l'impression qu'ils s'adressent encore la parole) de son meilleur ami, le beau et distant Conrad, qui malgré une éducation aristocratique et des sympathies rouges, va le suivre dans son combat contre les bolcheviks. On ne sait pas bien si cet amour s'est concrétisé, tant l'auteur fait des embarras à ce sujet, mais leurs compagnons d'armes en pensent quelque chose.... Or voilà que, dans la maison de famille de Conrad et de sa sœur Sophie, toute la troupe de blancs se rassemble... Et Sophie, une beauté androgyne et fantasque, tombe éperdument amoureuse d'Eric...


Comme tous les romans qui nous déplaisent, j'ai trouvé ce roman trop long, inutilement bavard. L'auteur sait très bien qu'elle ne nous raconte pas un roman historique : elle ne s'intéresse qu'à l'effeuillage embrouillé de ses héros. Cependant elle se sent obligée de nous infliger d'inutiles pages sur les combats et les micmac d'état-major.

Disons-le tout net, Eric von Lhomond n'a rien de l'homosexuel complice avec les filles des séries télévisées post-modernes ("Désolé, ma puce, je préfère les gars, en revanche, tu pourras toujours compter sur moi pour aller faire les soldes...") ; Eric méprise allègrement Sophie, ses propos à son égard sont réactionnaires, misogynes, voire antisémites (n'a-t-elle pas le mauvais goût d'avoir de l'amitié pour un commis juif ?). Sophie, dont le sentiment et le caractère le flattent au demeurant, n'a guère que la vertu de ressembler, grâce à sa masculinité, à son frère, mais cela ne l'empêchera pas d'être possessif envers elle, pour ne pas dire intrusif, et de la laisser espérer, tout en lui battant un froid polaire. C'est malheureusement un trait de caractère qu'il partage avec tous les autres personnages (et que Yourcenar, dans sa préface, veut faire passer pour de la noblesse) : l'insensibilité, ou les émotions paradoxales, la fusion cachée derrière la banquise, ou l'indifférence complète démentie par des gestes émotifs qui brouillent les pistes. S'il n'y en avait qu'un, on se dirait que l'auteur maîtrise sa trame narrative ; quand ils sont tous comme ça, c'est carrément s'être fait guider par ses fantasmes de cruauté sans souci de vraisemblance. Le recommanderai-je ? Oui, pour l'originalité du duo-trio, non, pour toutes les raisons que j'ai dites ci-dessus.

Citations :

  • Je pourrais mentionner d'autres détails plus affreux encore, mais les récits de cet ordre oscillent entre le sadisme et la badauderie. Les pires exemples de férocité ne servent jamais qu'à durcir chez l'auditeur quelques fibres de plus, et comme le cœur humain a déjà à peu près la mollesse d'une pierre, je ne crois pas nécessaire de travailler dans ce sens.
  • J'ai compris depuis qu'elle n'avait voulu que se venger, et me léguer des remords. Elle avait calculé juste : j'en ai quelquefois. On est toujours pris au piège avec ces femmes.
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