Sylva, de Vercors (1961)
Albert Rickwick a promis de ne jamais s'adonner à la chasse, aussi est-ce avec beaucoup de répugnance qu'il voit arriver devant les haies de son domaine britannique une chasse à courre. Un malheureux renard est traqué et les chiens sont sur le point de le déchiqueter sous ses yeux... Mais ces derniers s'arrêtent, dépités, ne trouvant plus leur proie, comme volatilisée, et s'en vont... Le narrateur va alors voir ce qu'il en est et il trouve une toute jeune femme nue, au comportement sauvage. Force est de reconnaître qu'il s'agit du renard, métamorphosé. Il va garder celle qu'il nommera Sylva en captivité à son domicile quelques temps...
Ce roman passionnant explore, d'une manière moins technique et érudite que Les Animaux dénaturés, du même auteur, la fragile frontière entre l'humain et l'animal. C'est captivant de voir comme Albert, surnommé Bonny par la femme-renarde, parvient à faire remonter à cet être nouveau des centaines de milliers d'années, avec des blocages qui paraissent souvent insolubles.
En lisière de cette intrigue se noue une autre observation, celle de la déchéance de Dorothy, la fille du Dr Sullivan, ancienne amoureuse d'Albert Rickwick qui pose également la question de la large assiette de l'acception d'humain et de la liberté humaine.