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22 février 2015

Le Bonheur dépend de l'âme seule, de M. Tullius Cicero (45 avant J.-C.)

bonheur-âme-seuleJ'ai, vis-à-vis de cette collection Folio 2€, une attitude mitigée. Je lui concède qu'elle offre des livres à la fois jolis, légers et qui n'éveillent aucune frayeur préalable chez celui qui manque de temps, d'envie... Il sent bien que ce livre ne sera pas chronophage et que, s'il éveille l'ennui, celui-ci sera de courte durée et qu'il pourra donc au besoin le lire comme on s'en débarrasse, sans devoir capituler en bonne et due forme, c'est-à-dire, en abandonnant le livre !

Mais ils ne sont que les extraits d'oeuvres plus conséquentes - l'éditeur daigne me dire que ces quatre-vingt-seize pages sont extraites du volume des Stoïciens, publié chez Tel -Gallimard. Autrement dit, et d'après des calculs que j'ai déjà lus sous la plume d'autres, j'obtiens, pour deux fois plus cher la page, beaucoup moins bien. En effet, l'éditeur, pour ce prix, s'est déjà gentiment fendu d'une biographie-type de Cicéron, où sa vision philosophique n'est pas explicitée, ni même l'oeuvre dont est extrait "Le Bonheur dépend de l'âme seule", titre fagoté à partir d'un des titres de chapitres.

Je répare : ces quelques pages viennent du livre V des Tusculanes, que je me suis toujours promis de lire en entier, tant les extraits lus dans ma jeunesse m'avaient enchantés. Les Tusculanes sont un recueil de conversations, une sorte de compilation de discussions qui eurent lieu dans une villa que Cicéron possédait à Tusculanum, entre amis philosophes. Il prend la forme de dialogues, parfois de "fiches" synthèse par auteur, par idée. Comme je trouve que la philosophie qui consiste en une sagesse, c'est-à-dire notre tradition philosophique antique, est moins aride à lire que celle qui joue sur les mots, je me suis laissée porter assez volontiers. Cicéron est stoïcien, fan absolu de Carnéade, mais, comme Sénèque, il ne méconnaît pas sa dette envers Epicure auquel il accorde une force d'âme bien paradoxale (pour leurs contempteurs, bien sûr).
A partir de là, il ne dit rien de bien nouveau : l'important, pour avoir une bonne vie, c'est de se laisser guider par l'amour de la vertu, de l'honnêteté et de s'y tenir. Celui-ci s'obtiendrait, comprends-je, de la satisfaction narcissique, esthétique, d'avoir eu une belle vie d'un point de vue moral, sans s'être donné d'excuses banales (peur, instinct de conservation, cupidité, sensualité...) pour y déroger ; pour être anachronique, il y a une sorte de dandysme moral, dans le stoïcisme. Bien entendu, et c'est toute la différence, le détachement pour les biens matériels, y compris les plus personnels, est nécessaire.

Citations :

  • [Les Epicuriens] font, sur le régime de vie, des remarques analogues ; ils rabaissent la valeur des repas magnifiques et coûteux, parce que la nature se contente de peu de bien-âtre. Et en effet qui ne voit que, en tout cela, l'assaisonnement véritable, c'est le besoin ? Lorsque Darius, dans sa fuite, buvait de l'eau bourbeuse et souillée par les cadavres, il dit qu'il n'avait jamais bu avec autant de plaisir ; c'est qu'il avait toujours bu sans avoir soif.
  • C'est la nature même qui nous montre tous les jours combien sont peu nombreuses, petites et bon marché les choses dont elle a besoin.
  • En quelque lieu que ce soit, on peut vivre heureux. Le mot de Teucer peut s'appliquer à tous les cas : "Ubi bene, ibi patria". On demandait à Socrate de quel pays il était : "Du monde", répondit-il, car il pensait être habitant et citoyen du monde entier.
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