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Mots et Images
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13 mars 2018

Serov et moi en Grèce, de Léon Bakst (1907)

bm_CVT_Serov-et-moi-en-Grece_228Léon Bakst est connu de ceux qui s'intéressent aux artistes de la Belle Epoque, et notamment aux ballets russes, ceux de Serge Diaghilev, par exemple ; il a dessiné non seulement des affiches (je connaissais celle de "Prélude à l'après-midi d'un faune"), des décors, des costumes, mais il était peintre. Son oeuvre ne m'était pas complètement inconnue, mais j'ai pas du tout fait le lien avec l'auteur de ce joli petit livre qui m'a été envoyé, on peut dire que c'est un album de (grande) poche. Une très longue et très érudite introduction de Véronique Schiltz, membre de l'Institut, précède un texte tout simple, où l'on goûte une proximité très inattendue avec l'auteur.

terror-antiquus-leon-bakstC'est le voyage de deux jeunes amis russes, artistes. On visite Athènes (dont il dit peu), Delphes, Olympie, où les deux amis sont choqués et amusés par la belle Patza-Patza, et le voyage commence par un mouillage devant la Canée.J'attendais un carnet d'artiste qui cherche, comme il l'a d'ailleurs fait, dans ces lieux antiques, son graal artistique, et je suis étonnée de trouver mieux que cela. Certes, Serov et Bakst, dessinent. Une certaine émulation finit par s'installer entre eux. Des images les frappent, on comprend qu'ils essaient de trouver dans leur Grèce contemporaine ce que les yeux de jadis ont vu, et ils jubilent quand une Koré vivante croise leur périple. Mais pas d'affectation, pas de prise de notes techniques : une atmosphère tellement vraie que j'ai non seulement visualisé les lieux, mais rapproché de cette vision des quantités de sens, ce qui m'arrive rarement quand le texte n'est pas ostensiblement descriptif. On arrive même à lire les silences entre les lignes ! Quand j'ai lu que c'était ce que lui disaient déjà ses contemporains de son écriture, j'ai opiné.

Un peu de condescendance, parfois, envers la population locale... mais c'est une remarque typique du XXIème siècle.

Merci aux Editions TRIARTIS.

Citations :

  • L'orage grandit et se renforce. Par moment le vent romantique se calme et le silence lourd, précurseur d'un épique fracas assourdissant, devient insupportable, comme le spasme d'un enfant qui, juste après une chute, se tait pendant trois horribles secondes et tout à coup déchire l'air de son cri frénétique et, néanmoins, quelque peu apaisant.
  • On désirait tout ce qu'il y avait de plus antique possible - le plus proche d'Homère. Au déjeuner, je buvais du falerne noir, qui sentait la térébenthine, non sans grimacer, et en déclamant, tel un étudiant allemand des années cinquante :
    De falerne l'amertume
    Verse dans ma coupe, garçon,
    Ordonna ainsi Posthumia,
    Présidente des orgies. (Pouchkine)
  • Bien sûr, nous nous moquions sans arrêt l'un de l'autre, mais nous vivions en bonne intelligence, dessinions avec assiduité, cherchions une manière moderne de représenter le mythe grec...
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