Une Soupe aux herbes sauvages, d'Emilie Carles (1981)
Voilà un livre que j'ai libéré déjà deux fois en bookcrossing, sans l'avoir encore lu. Le titre, évoquant des recettes, des romans ou souvenirs d'une vie rurale me donnant une impression de déjà-vu, à cause des nombreuses fictions télévisuelles sur ce thème, ne m'avait pas inspirée assez.
Après plusieurs années de purgatoire en pàl*, le voici en lice :
Emilie Carles est n'a pratiquement pas connu sa mère et fut élevée par un père dévoué et généreux dans un monde montagnard et rural rude et frugal, avec une solide cohésion communautaire. Ce monde, bercé de craintes et de rythmes naturel, est au final bien enviable, sur le papier.
Elle nous raconte comment elle a pu devenir, à la force du poignet et contre toute attente, institutrice, la difficulté à être libre penseur et anarchiste dans le milieu paysan au XXème siècle, comme le fut, par exemple Jean Carles, son mari, ouvrier venu par amour dans ses montagnes. C'est beau, c'est dur, car rien ne leur a été donné facilement, et c'est un témoignage qui éloigne de toute misanthropie.
L'auteur n'est pas un écrivain, elle sait écrire très correctement et ses mots sont évocateurs sans chercher à donner je ne sais dans quel genre de prose poétique (nous ne sommes pas dans Colline, veux-je dire).
Elle est le témoin d'un monde disparu, presque aussi exotique pour nous, citadins du XXIème siècle, qu'un séjour sous la yourte. A lire à l'occasion, pour se remettre à croire un peu en l'Homme.
* pàl : pile-à-lire.