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12 décembre 2018

Heureux comme Lazzaro, de Alice Rohrwacher (2018)

Lazzaro-FeliceLe film se passe dans une contrée d'Italie qu'on imagine bien du Sud, la Sicile, pourquoi pas ? Le marchesino ne s'appelle-t-il pas Tancredi et ne fera-t-il pas un mariage analogue à celui du neveu du Guépard, de Visconti ? Plus vraisemblablement encore en Sardaigne où le servage a été aboli plus tardivement que dans le reste de l'Italie, à la fin du XVIIIème siècle. L'action du film se passe à une époque que je situerais entre les années 50 et 60, sans réellement pouvoir l'argumenter, dans un village, l'Inviolata, qui vit hors du temps.

Coupés du monde par une inondation et persuadés qu'il est toujours impossible de retraverser la rivière, les villageois sont exploités par la marquise du lieu et ignorent que le servage a été aboli. Outre le fait qu'ils contribuent à sa fortune en récoltant du tabac, immodérément fumé par la marquise et le marchesino Tancredi, qui tousse déjà, tous les prétextes sont bons pour ne pas les payer et, mieux, les endetter. Les exploités exploitent un jeune homme un peu simplet, Lazzaro, au visage rayonnant de bonté et de candeur, qui se retrouve souvent en retrait des moments festifs, les moments de repos, tant on lui demande, dans ces moments-là, de réaliser les corvées qui éloignent du groupe. Il fait tout ce qu'on lui demande avec équanimité, accepte toutes les mauvaises raisons qu'on lui oppose, le visage toujours serein et avenant, et même, va au-devant des besoins de tous.

Un jour, Tancredi se révolte contre sa mère et part vivre en haut de la colline, au mépris des loups. Avec sa gentillesse habituelle, Lazzaro propose son aide ; Tancredi émet alors l'hypothèse qu'ils sont demi-frères...


Certains critiques n'ont pas aimé le film et, faute de tout comprendre, ont insinué rageusement que la réalisatrice ne savait pas elle-même où elle allait. Je ne prétends pas tout comprendre, mais il y a quand même, faute de cohérence assez visible pour être perçue d'emblée, une vraie unité culturelle et spirituelle dans ce conte mystique.

Les références à la résurrection de Lazare est évidente, mais la connexion avec les loups évoque la figure de St-François, il poverello. Avant le sacrifice ultime, tel le Christ sur le mont des Oliviers, pour la première fois, Lazare pleure... La question que je me suis vite posée, c'est la raison du retour de Lazzaro... et pourquoi les villageois ont si peu réussi, une fois le joug de l'exploitation ôté... Dégoûtés du travail, ils vivent de restes, d'expédients, de larcins... Et c'est le retour de Lazzaro qui semble apporter de menus réparations, jusqu'à l'incroyable aumône d'Antonia à ceux qui sont toujours plus riches qu'eux, sans doute plus pauvres en réalité. Je ne continuerai pas car je creuserais le spoiler déjà largement entamé.

Je tiens juste à dire que c'est un très beau film, et il est impossible d'oublier le saint visage d'Adriano Tardiolo (Lazzaro), qui n'est pas acteur professionnel.

Bande-annonce.

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