Haroun et la Mer des histoires, de Salman Rushdie (1990)

Haroun vit dans un pays triste mais Rachid, son père conteur, abonné à la source de la Mer des Histoires, éloquent, sait charmer et faire s'évader ses ouailles. Malheureusement, quand sa mère se laisse séduire par un homme qui méprise Rachid, ce dernier perd cette éloquence et son inspiration. Haroun commence alors un voyage merveilleux destiné à retrouver la source bouchée par des êtres malfaisants, ennemis de la parole et de l'imagination.

---

Nous avons affaire à un conte pour enfant, destiné au fils de Salman Rushdie, troublé par les changements de vie consécutifs à la fatwa lancée contre lui par un ayatollah. J'ai retrouvé la chatoyance, la beauté, digne des plus féériques dessins animés, des Versets sataniques et entre l'héroï-comique et l'épopée, l'écrivain, loin de suivre à la trace et de coder tous les éléments de sa propre tragédie, nous entraîne dans un conte ample qui dépasse de loin sa biographie et nous invite à réfléchir sur la liberté de pensée et d'expression. On pourrait aussi bien le lire comme une fable écologiste. Je recommande à partir de douze ans.

J'ai beaucoup pensé à l'Histoire sans fin de Michael Ende, mais ce dernier était plus sur la piste de Tolkien que Rushdie, fidèle aux contes orientaux.